'"Explosion démographique" et "Monseigneur Ebola". Lors d'une discussion où il parlait de l'"explosion démographique" dans le monde, le président d'honneur du FN Jean-Marie Le Pen, a lancé mardi soir à Marseille que "Monseigneur Ebola peut régler ça en trois mois". Jean-Marie Le Pen, qui discutait notamment avec le maire FN de Cogolin, dans le Var, Marc-Etienne Lansade et était entouré de plusieurs personnes dont deux journalistes de l'AFP, expliquait lors de ce cocktail de presse la teneur de son discours prévu une heure plus tard au Palais de l'Europe du Parc Chanot de la cité phocéenne.
"J'ai été un tribun de la plèbe". Évoquant l'"explosion démographique dans le monde", le "risque de submersion" de la France par l'immigration et "le remplacement de la population qui est en cours" à cause notamment de la "faible natalité du continent européen", l'ancien patron du FN, candidat aux européennes dans la circonscription Sud-Est, a affirmé qu'il allait faire un discours "très grave". "Ils ont des yeux et ne voient pas. Ils ont des oreilles et n'entendent pas", a-t-il prophétisé, citant un livre de la démographe Michèle Tribalat, "Les yeux grands fermés", sous-titré "L'immigration en France".
"Il n'est jamais trop tard", lui lance Marc-Etienne Lansade, le maire de Cogolin. "Il n'est jamais trop tard, mais il est bien trop tard quand même", lui répond Jean-Marie Le Pen, avant d'ajouter : "Monseigneur Ebola peut régler ça en trois mois". Ce discours ne sera "pas un testament. J'ai été un tribun de la plèbe, n'est-ce pas, un espèce de lanceur d'alerte", avait-il affirmé un peu plus tôt.
Un dérapage ? "Non, une observation". Face au tollé provoqué par ces propos, Jean-Marie Le Pen s’est expliqué, mercredi, lors d’une conférence de presse à Valence. Le virus Ebola est, selon lui, une "maladie terrible". "Comme les guerres nucléaires ou internes, il est de nature à modifier cette évolution [démographique] qui en elle-même est catastrophique", a ajouté le président d’honneur du Front national, précisant que "dans certains pays à forte croissance démographique comme le Nigeria, malheureusement il n'y aura pas de quoi les nourrir". Cette petite phrase est-elle un énième dérapage? "Non", a estimé Jean-Marie Le Pen, car "cette phrase n'a pas de portée particulière, c'est une observation."
Des propos "inadmissibles" pour le gouvernement. Autant dire tout de suite que ces explications n’ont pas vraiment convaincu Stéphane Le Foll, le porte-parole du gouvernement, qui s’est ému de cette sortie ‘inadmissible" lors de son compte rendu hebdomadaire du conseil des ministres : "pour ceux qui laissaient souvent penser que le Front National avait changé, ils ont la preuve encore une fois qu'il n'a pas changé", a-t-il lancé. "D'ailleurs, j'ai entendu ce qu'avait pu dire Marine Le Pen hier soir (mardi soir, Ndlr) sur la question de l'immigration : à nouveau, c'est la manière qu'a le Front National - Marine Le Pen comme Jean-Marie Le Pen - de faire de la politique, c'est-à-dire de faire peur et d'avoir des propos parfaitement inadmissibles, inadmissibles", a martelé le ministre de l’Agriculture.