Fait sans précédent dans l'histoire des services secrets français, Bernard Squarcini, patron de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) a été mis en examen lundi dans l'affaire d'espionnage téléphonique d'un journaliste du Monde enquêtant sur le dossier Bettencourt en 2010. Poursuivi pour "atteinte au secret des correspondances, collecte illicite de données et recel de violation du secret professionnel", le suspect a reconnu les faits, tout en niant qu'ils constituent une infraction. Cependant, le patron du renseignement français n'entend pas démissionner, a annoncé son avocat. Une question qui divise la classe politique.
Les socialistes demandent sa démission
Le candidat PS à la présidentielle François Hollande a interpellé le ministre de l'Intérieur lundi soir sur TF1, se disant "étonné" que Claude Guéant "n'ait pas déjà prononcé la démission" de Bernard Squarcini. "C'est grave ce qui s'est produit", a justifié le socialiste, ajoutant : "cette faute devrait être immédiatement sanctionnée".
Quelques minutes plus tôt, le député PS Manuel Valls avait demandé sur Twitter la "démission" du patron du contre-espionnage français. De son côté, la députée socialiste Delphine Batho a estimé, toujours sur Twitter, que Bernard Squarcini n'était "que le lampiste des ordres de l'Elysée" et qu'il donnait une "triste image" des services de renseignements.
L'UMP se retranche derrière la présomption d'innocence
Des propos balayés d'un revers de main par le Premier ministre lundi soir. "Les socialistes demandent toujours la démission des mis en examen quand ils ne sont pas dans leur famille politique", a déploré François Fillon invité du 20 Heures de France 2. "Je constate que la justice dans notre pays est très indépendante, on nous dit tous les jours que ce n'est pas le cas, c'est la démonstration que c'est un fantasme", a-t-il souligné, rappelant le principe de la présomption d'innocence. "Donc c'est au terme de la procédure judiciaire que le gouvernement devra prendre une décision s'agissant de l'avenir de Monsieur Squarcini", a-t-il ajouté.
La mise en examen de Bernard Squarcini ne l'"empêche pas d'exercer la plénitude de ses fonctions" de chef du renseignement français, a pour sa part jugé Claude Guéant. "Respectons la présomption d'innocence et souvenons-nous que la mise en examen n'est pas la reconnaissance d'une culpabilité", a conclu le ministre de l'Intérieur.