Le procureur de Nanterre Philippe Courroye, et son adjointe Marie-Christine Daubigney, ont été convoqués par la juge parisienne Sylvia Zimmermann, en vue d'une mise en examen dans l'enquête sur la violation présumée des sources d'un journaliste du Monde. Si cette mise en examen se concrétise, ce serait une première historique pour une affaire d'une telle gravité.
Le Monde, qui est partie civile dans l'affaire, avait déposé plainte le 24 février contre le magistrat pour violation du secret de ses sources dans l'affaire visant l'héritière de L'Oréal, Liliane Bettencourt. Le journal estime que le magistrat a violé une loi de 2010 lorsqu'il a demandé à la police de se procurer les factures détaillées ou "fadettes" du téléphone d'un de ses journalistes, Jacques Follorou, en septembre dernier. Le procureur cherchait alors à savoir qui avait informé le journal d'une perquisition opérée chez Liliane Bettencourt et ses soupçons se portaient sur Isabelle Prévost-Desprez, présidente du tribunal correctionnel de Nanterre.
"Une mise en cause calomnieuse"
L'examen des "fadettes" par les policiers a mis au jour des échanges de textos entre Isabelle Prévost-Desprez et Jacques Follorou, mais l'imbroglio entre magistrats a contraint la justice à transférer l'ensemble des procédures autour de Liliane Bettencourt au tribunal de Bordeaux. Le Monde combat par cette nouvelle plainte avec constitution de partie civile un premier classement sans suite ordonné par le parquet de Paris, au motif que la loi ne prévoit pas de sanction pénale pour la violation du secret des sources.
Mercredi matin, Philippe Courroye et Marie-Christine Daubigney, procureur de la République adjoint, ont dit leur colère dans un communiqué. Ils "s'indignent de cette mise en cause calomnieuse" et "contestent formellement les infractions visées et émettent les plus grandes réserves sur la régularité de la procédure engagée".
L'annulation de la procédure demandée
Les deux magistrats dénoncent également "une dérive dangereuse visant à entraver les magistrats dans la conduite des enquêtes dont ils ont la responsabilité", parlant d'"instrumentalisation grave de la justice pénale". Philippe Courroye et Marie-Christine Daubigney "entendent réagir avec solennité" à cette mise en cause en demandant à leurs avocats "d'engager les actions pénales appropriées".
D'ores et déjà, Marie-Christine Daubigney a demandé mercredi l'annulation de ce dossier pour une raison de procédure.