Jeannette Bougrab a parlé un peu trop vite. Dimanche, la secrétaire d’Etat à la Jeunesse avait demandé le départ de Hosni Moubarak, alors que de violentes manifestations ont lieu en Egypte pour dénoncer son régime. En prenant cette liberté de parole, l’ancienne présidente de la Halde a été la première membre du gouvernement à formuler publiquement cette demande.
Mais sa sortie n’a pas vraiment plu à l’exécutif. Dimanche, François Fillon a convoqué l’ancienne présidente de la Halde à Matignon, pendant une demi-heure. Peu de temps après cet entretien, le secrétariat d’Etat à la Jeunesse a publié un communiqué laconique : "A la suite de ses récentes déclarations sur la situation en Egypte, Jeannette Bougrab, (…) tenait à préciser que la position de la France et de son Gouvernement a été exprimée par le Président de la République et le Premier Ministre". La ministre de l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet a aussi commenté dimanche soir la prise de position de sa collègue : "nous n'avons pas à souhaiter le départ d'un dirigeant étranger. C'est le peuple égyptien qui doit décider des ces choses-là, il n'y a que lui qui peut le faire".
La prudence du gouvernement
Un petit pas en arrière donc pour Jeanette Bougrab, qui avait estimé peu de temps avant qu'il fallait qu'Hosni Moubarak "parte", évoquant l'"usure" du président égyptien, confronté à d'importantes manifestations de rue, violemment réprimées par son régime.
Mais le gouvernement préfère rester prudent sur la situation en Egypte, après la polémique provoquée par des déclarations de la ministre des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie, sur les manifestations en Tunisie.
Samedi, lors d’un déplacement au Mans, François Fillon s’est contenté d’expliquer que c’était le "peuple égyptien qui décide" et qu'"aucun pays ne peut prendre (sa) place", ajoutant qu'il fallait "que les violences s'arrêtent". Nicolas Sarkozy avait ensuite publié un communiqué commun avec la chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre britannique David Cameron pour appeler Hosni Moubarak à "engager un processus de changement" face aux "revendications légitimes" de son peuple et à "éviter à tout prix l'usage de la violence contre des civils".