Emplois d'avenir : la droite partagée

Le député UMP Henri Guaino "pense" qu'il va voter la création des emplois d'avenir pour jeunes non qualifiés, même si le texte gouvernemental lui paraît "mal fait".
Le député UMP Henri Guaino "pense" qu'il va voter la création des emplois d'avenir pour jeunes non qualifiés, même si le texte gouvernemental lui paraît "mal fait". © REUTERS
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et avec agences , modifié à
DECRYPTAGE - Très peu de députés étaient présents pour le vote.

C'est l'une des promesses emblématiques du candidat Hollande : les emplois d'avenir ont lancé mardi la session extraordinaire à l'Assemblée nationale. Le projet de loi a été voté dans la nuit de mercredi à jeudi. Il est destiné à favoriser l'insertion des jeunes des zones défavorisées. Mais selon l'opposition, il aboutit à faire de "la discrimination positive". Reste que si la droite est globalement vent debout contre ce dispositif, la flambée du chômage incite certains membres de l'opposition à un soutien mesuré. Europe1.fr fait le tri à droite.

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LE VOTE

Seuls une vingtaine de députés avaient pris place sur les bancs de l'UMP dans la nuit de mercredi à jeudi pour le vote en première lecture du projet de loi. En outre, deux élus UMP, Denis Jacquat et Jean-Pierre Decool, se sont abstenus, ce qui a quasiment valeur de soutien à la mesure. Ces deux élus reflètent la diversité des positions au sein de l'UMP, même si les principaux leaders, opposants ou soutien aux emplois d'avenir, n'étaient pas présents.

ILS SONT POUR 

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 Ils ne représentent pas la majorité à droite, mais n'en sont pas moins des figures de l'opposition. Mercredi, le député UMP Henri Guaino "pensait" ainsi qu'il allait voter la création des emplois d'avenir, même si le texte gouvernemental lui paraît "mal fait". Sur i-Télé, l'ex-conseiller spécial de Nicolas Sarkozy a déclaré mercredi : "le texte n'est pas bon, il est mal fait, ça n'est pas une réponse à la question du chômage", mais "tout le monde a fait des emplois aidés, nous aussi. Je reste sur un principe qui me paraît sain: ce que nous avons fait, je ne peux pas reprocher au gouvernement de le faire".

Même son de cloche chez Lionnel Luca, pilier de la Droite populaire. "Il ne faut pas laisser à la gauche le monopole de la jeunesse", avait-il estimé mardi. Attribuant beaucoup de défauts" à ce texte, le député UMP a annoncé la couleur : "il y a 150.000 jeunes qui vont acquérir une expérience professionnelle et ça, c'est quand même mieux que Pôle Emploi". Moins surprenant, plusieurs centristes du groupe UDI, que préside l'ex-ministre de l'Emploi Jean-Louis Borloo, se disaient aussi prêts à voter ce dispositif, à l'instar d'Yves Jégo, convaincu que "face au chômage, il faut savoir transcender les clivages". Enfin, l'ex-Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a annoncé mardi qu'il voterait pour les emplois d'avenir, qui sont "une marche vers l'emploi", même s'il aurait préféré un dispositif conditionnant les allègements de charges liés aux 35 heures à l'embauche d'apprentis.

ILS SONT CONTRE MAIS COMPTENT BIEN LES UTILISER 

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Certains députés UMP, déterminés à voter contre les emplois d'avenir, ont expliqué dans les couloirs de l'Assemblée qu'ils pourraient cependant en utiliser dans leurs collectivités locales si elles en ont besoin, car "la loi, c'est la loi". "Ce n'est pas parce que vous ne votez pas une loi que vous en refusez l'application si vous en avez besoin", avait ainsi déclaré le député de Paris, Claude Goasguen, par ailleurs maire du 16e arrondissement.

Pour l'ex-ministre des Transports et député des Français de l'étranger, Thierry Mariani, "à partir du moment où il y a des moyens de l'Etat, les maires auraient tort de ne pas l'utiliser". "La loi s'applique à tous, de droite comme de gauche", a estimé le chef de file de la Droite Populaire. Convaincu que ces emplois d'avenir risquent de "faire des frustrés", Jacques Myard, autre membre de la Droite Populaire, a implicitement reconnu qu'il pourrait y recourir. "Moi, je me sers des lois, mais le problème n'est pas là", a-t-il confié. 

ILS RESTENT FAROUCHEMENT CONTRE 

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Le groupe UMP est dans sa grande majorité contre. "Notre opposition est déterminée", a dit son président Christian Jacob, même si certains de ses membres entendaient voter pour ou s'abstenir. "Ce texte est une mauvaise réponse, il est à côté de la plaque", a pour sa part accusé pour sa part Jean-François Copé, parlant d'un projet de loi "remake des emplois-jeunes de Martine Aubry il y a 15 ans, qui n'ont en réalité pas marché". 

Le député UMP Bruno Le Maire est lui aussi hostile aux emplois d'avenir,  jugeant que "le traitement social du chômage ne marche pas" et que leur financement serait mieux employé à la formation.

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