"C’est moi qui dois être au plus près des Français." Ainsi parlait François Hollande, au tout début de l’année. De plus en plus impopulaire, le chef de l’Etat veut reprendre langue avec les Français afin d’éviter que le mécontentement se cristallise sur sa personne et se transforme en rejet. Son équipe lui a donc concocté une tournée régionale, dont la première étape est à Dijon, de lundi à mardi. Une stratégie déjà utilisée par ses prédécesseurs.
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Le marathonien. Le général de Gaulle en était le plus friand. Et quand il se déplaçait en province, pas question de faire les choses à moitié. Le premier président de la Ve république pouvait parfois rester jusqu’à une semaine hors de l’Elysée. A chaque fois, c’est à la Préfecture que le chef de l’Etat passait la nuit. Une habitude qui a contraint les services à faire fabriquer des lits de 2,5m pour accueillir "le plus grand des Français".
Voyage du général de Gaulle dans le Nord en 1966 :
Dès potron-minet, le général de Gaulle repartait sur la route. Comme ce 11 juin 1964 où il parcourt quatorze villes et bourgs du département de l’Aisne avant, le lendemain, de se faire accueillir par une population nombreuse à Saint-Quentin, Abbeville, Ham, Huppy ou encore Molliens-Vidame. A chaque fois, le président serre des mains et met en avant les spécificités locales. Georges Pompidou marchera ensuite dans ses pas. Mais un peu moins vite…
Le novateur. Valéry Giscard d'Estaing a fait de la rupture avec ses prédécesseurs une marque de fabrique. Ses déplacements en province n’y ont pas échappé. Quand le général de Gaulle multipliait les visites sur tous les thèmes, lui préfère cibler ses visites. Un jour ou deux seulement, mais avec un objectif précis : mettre en avant les politiques publiques mises en place par sa majorité. Valoriser les actions nationales, mais sur le plan local en somme. Et, surtout, Valéry Giscard d'Estaing profitait de ces déplacements pour s'inviter à dîner chez les Français pour "regarder la France au fond des yeux".
Une visite de VGE sur l’ile bretonne de Houat, en 1977 :
Le trait d’union. "Je plaide pour qu'il rencontre davantage les Français et se rende régulièrement en province, comme le faisait François Mitterrand". La sentence est signée François Rebsamen, ami de François Hollande et maire de Dijon… où le président a commencé sa tournée régionale. François Mitterrand, l’exemple à suivre pour les socialistes. Quand de Gaulle glorifiait le terroir et VGE la politique nationale, lui décide de mixer les deux. Tout en s’autorisant - parce que la politique est une séduction perpétuelle -, quelques bains de foule durant son déplacement de deux ou trois jours.
François Mitterrand en visite en Lorraine en 1981 :
"Le prince des excursions". Si un politique aime le contact avec le Français moyen, c’est bien Jacques Chirac. De courtes durées - un ou deux jours maximum -, ses visites étaient d’une rare efficacité. Le Corrézien, après une rencontre avec les élus locaux, avaient pour habitude de discuter avec différentes catégories de la population, avec une petite préférence pour les agriculteurs, qui l’aimaient particulièrement. "Jacques Chirac était le prince de ce type d'excursions. Il s'arrêtait dès qu'il le fallait, toujours prêt à boire un verre, à goûter aux spécialités ou à serrer des mains. C'était son côté corrézien, qu'on retrouve aujourd'hui chez François Hollande", confirme au Figaro.fr Nicolas Mariot, chercheur au CNRS et spécialiste des voyages présidentiels.
Le premier déplacement de Jacques Chirac, dans les Deux-Sèvres :
Speedy Gonzales. Ministre hyperactif, Nicolas Sarkozy l’est resté à l’Elysée. Durant son quinquennat, il a ainsi multiplié les déplacements en province, mais avec une façon de faire radicalement différente. Contrairement à ses prédécesseurs, lui ne dort en en effet jamais sur place. Il arrive le matin et repart le soir, et ses visites sont parfois plus courtes encore. Les élus locaux ont souvent regretté cette habitude. Quand une visite de de Gaulle entraînait une véritable liesse dans les villes et villages traversés, les habitants n’étaient parfois même pas au courant de la venue de Nicolas Sarkozy.