"Le ministère, ça n'est pas cool…". Cette déclaration, en date du 27 novembre dernier, sonnait comme une annonce anticipée de la probable fin de carrière d'Eric Besson. Lassé, exténué, le ministre de l'Industrie parle déjà au passé de son action auprès du président : "je suis très heureux d'avoir été cinq ans membre de ce gouvernement". Mardi, des révélations du quotidien Le Monde viennent accentuer cette impression. Selon le quotidien du soir, l'ancien socialiste aurait envie de "passer à autre chose", au lendemain de la présidentielle, et pourquoi pas se lancer dans le football, sa deuxième passion.
Trop de temps passé sur Twitter
Pour les adeptes du réseau de microblogging Twitter, cette nouvelle est tout sauf surprenante. Il y a plusieurs semaines, l'un de ses proches aurait laissé échapper l'information sur le réseau social : "Besson ne veut plus faire de politique, il fera autre chose en 2012". Si l'ancien socialiste n'a pas encore confirmé cette rumeur, le journal Le Monde, lui, n'a aucun doute. L'actuel ministre de l'Industrie aurait déjà averti Jean-François Copé, secrétaire général de l'UMP, qu'il renonçait à la circonscription des Français de l'étranger qui lui était pourtant promise pour les prochaines élections législatives. Ce désir de raccrocher, il l'aurait également confié à Nicolas Sarkozy en personne, toujours selon le quotidien du soir.
Depuis quelques semaines, certains proches de la majorité auraient repéré ce manque de hargne qui le caractérisait par le passé. "Il ne fait plus rien", se plaint l'un d'entre eux. Nicolas Sarkozy l'accuse même de "passer ses journées sur Twitter", selon Le Monde. Il envoie chaque jour près de 20 messages. Ses 19.000 followers (abonnés à son compte) doivent apprécier, son président beaucoup moins. En politique comme en sport, pas le droit à l'erreur. L'entraîneur ne laisse pas longtemps sur le terrain un joueur démotivé. Dans le rôle du coach, Nicolas Sarkozy n'apprécierait guère ce manque de motivation.
Le ministre de l'Industrie a démenti lui-même tout éventuel retrait de la politique. Il a tenu à réagir mercredi soir sur son propre compte Twitter. "L'article du Monde a fait beaucoup de bruit. Pour pas grand-chose. Compilation de vieilles infos ou de rumeurs", a déclaré l'ancien socialiste sur le réseau social. Et d'ajouter : "il est vrai que j'avais refusé de recevoir la journaliste du Monde. Elle est donc excusée de s'être beaucoup trompée".
Nantes, un premier rêve
Pour l'instant, pas question de s'étendre sur cette possible défection. "Il est encore présent sur tous ses sujets. Il sera ministre jusqu'au bout", insiste un de ses proches collaborateurs dans les colonnes du Monde. Mais s'il devait quitter la politique, il y a bien un autre terrain qui pourrait l'intéresser, celui du football.
L'ancien félon socialiste n'a jamais caché son amour pour le ballon rond. S'il n'a jamais occupé pour le moment de responsabilité dans un club, ce n'est pas faute d'avoir essayé. En 2007, juste avant la campagne présidentielle et son changement de camp de dernière minute, Eric Besson avait tenté de racheter le club du FC Nantes, alors en grande difficulté. Avec Luc Dayan, ex-président de Lille, et Charles Biétry, ex-responsable des sports de Canal + et actuel patron de la future chaîne, Al-Jazira Sport, il avait même formulé une offre au groupe Dassault, qui détenait à l'époque la majorité des actions des Canaris.
Après une bataille politique acharnée autour de la reprise du club, Eric Besson avait finalement décidé de jeter l'éponge. A l'époque, il n'avait pas caché sa déception au Nouvel Observateur ni même son intention de retenter, peut-être un jour l'expérience : "à titre privé, j'ai le droit d'envisager ma reconversion professionnelle comme bon me semble. Le sport est une passion. Si elle peut devenir un jour une activité professionnelle, en quoi cela est-il discutable ?" Cette déclaration pourrait peut-être trouver un autre écho en mai prochain…
Du Parc des Princes à Nice ?
Le foot l'a toujours passionné. Tout le monde le sait, même François Fillon. En avril 2008, le Premier Ministre lui avait confié une mission d'évaluation sur la compétitivité du football français. Eric Besson, alors ministre de la Prospective, n'avait pas manqué d'idées pour essayer d'améliorer l'avenir du foot tricolore. Il avait notamment proposé de réduire les centres de formation pour qu'ils "deviennent des centres d'excellence" et moderniser les stades.
Ça, c'est pour le côté sérieux du sport. Les fans du PSG, eux, savent qu'Eric Besson aime suffisamment le club de la capitale pour se rendre régulièrement dans la tribune présidentielle du Parc des Princes. A priori, les Qataris n'ont pas encore pensé à lui. Mais l'OGC Nice peut-être, si l'on en croit les informations du journal Le Monde.