Il n'a pas la double nationalité mais sa visite ne sera pas non plus celle d'un étranger. Manuel Valls, le plus espagnol des ministres de l'Intérieur français, né à Barcelone, se rendra mardi à Madrid pour y rencontrer son homologue Jorge Fernandez Diaz.
Manuel Valls est attendu aux alentours de 12h30 à Madrid pour une réunion de travail. Au menu : les opérations policières contre l'ETA, ainsi que le terrorisme islamiste et sa "radicalisation", mais également la "lutte contre le crime organisé", précise l'agenda du ministre. Un agenda qui coïncide avec l'arrestation dimanche, de deux membres présumés de l'ETA, dont le responsable de l'appareil militaire de l'organisation séparatiste basque.
"Clarté, sincérité, sobriété"
La visite du fils de Xavier Valls, artiste peintre catalan aujourd'hui décédé, prend ainsi des allures de retour aux sources. Les liens tissés entre le nouveau ministre de l'Intérieur, qui revendique "sa double culture", et son pays de naissance, ont attiré les regards de la presse espagnole. ABC le décrit comme l'artisan du "réformisme social" qui, après s'être fait "naturaliser français", a œuvré aux côtés de Michel Rocard et Lionel Jospin.
Polyglotte –français, espagnol, catalan et italien-, Manuel Valls est le ministre "barcelonais" qui a su se rendre "indispensable", affirme de son côté El Pais qui ne tarit pas d'éloges : "clarté, sincérité, sobriété, talent pour communiquer" pour celui qui a été un des grands artisans de la victoire de François Hollande à la présidentielle. La Place Beauveau ? "Un portefeuille qui lui va comme un gant", assure El Periodico.
Son volontarisme contre l'ETA apprécié
Outre ses racines, l'Espagne apprécie également son volontarisme sur le dossier commun qui unit les deux pays. Manuel Valls a fait de la lutte contre l'ETA son cheval de bataille. C'est l'homme "qui a convaincu Hollande" de l'importance de cette bataille, croit savoir ABC.
Dès le début de son intronisation, Manuel Valls avait émis un message clair à l'adresse de l'ETA lors d'une réunion le 18 mai des ministres de l'Intérieur européens affirmant qu'il s'agissait d'une "organisation terroriste". Selon lui, l'alternance ne doit rien changer à la ligne de fermeté adoptée depuis des années par la France contre le groupe séparatiste basque et ce, malgré la volonté ambigüe de de l'ETA de mettre fin définitivement à la violence, tout en ne voulant pas déposer les armes.
"La dissolution de cette organisation terroriste est évidemment une condition sine qua non", avait assuré Manuel Valls, faisant sienne la position de Madrid, où "la seule nouvelle" attendue "est celle de la dissolution sans conditions" de l'ETA, considérée comme responsable en Espagne de la mort de 829 personnes en 40 ans.