Les semaines se suivent et se ressemblent pour François Hollande. A chaque nouveau sondage, le chef de l’Etat bat un nouveau record d’impopularité. Le livre de Valérie Trierweiler ne va pas arranger ses affaires. De là à imaginer, comme BHL jeudi matin sur Europe 1, que "c’est le coup de grâce", il n’y a qu’un pas qu’Yves-Marie Cann, directeur opinion à l’institut CSA, se refuse à franchir.
Dans quelle mesure ce livre peut-il nuire au président ?
Il faut distinguer deux choses, son capital politique et personnel. Pour le premier, tous les baromètres montrent qu’il est déjà très atteint, et tous les instituts de sondage sont d’accord là-dessus. Pour le second, ces révélations pourraient encore un peu plus enfoncer le clou. En 2012, il se différenciait positivement de Nicolas Sarkozy sur des critères, notamment, de sympathie et de proximité avec les gens. Ce livre va écorner cette image et c’est son plus gros danger.
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Quelles "révélations" peuvent lui faire le plus de mal ? Les critiques contre les pauvres ou sa goujaterie ?
Concernant sa misogynie, je pense que toutes les révélations du début de l’année sur Julie Gayet ont déjà joué à plein. Je ne pense pas que cela va renforcer encore davantage cette image. L’impression d’une vengeance peut, en plus, lui conférer un statut de victime. Des milliers de Français ont vécu des séparations, ils connaissent ce moment difficile. C’est davantage ses propos sur les « sans dents » qui vont lui poser des problèmes, d’autant que ce sont les classes populaires qui sont le plus remontées contre lui, parce que déçues.
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Peut-il être encore plus impopulaire qu’il ne l’est déjà ?
Il bat depuis des mois tous les records d’impopularité des présidents de la 5e république ! Mais avec cette séquence remaniement-déluge de l’île de Sein-livre de Trierweiler-chiffres du chômage, il est capable de descendre encore plus bas… Le plus préoccupant pour lui n’est pas d’être impopulaire, tous les présidents l’ont été. La différence c’est que lui ne peut même plus s’appuyer sur le soutien de sa famille politique. Au faîte de son impopularité, Sarkozy pouvait compter sur le soutien de 80% des sympathisants de droite. Hollande dépasse à peine la barre des 50%. Ceux qui ont contribué à sa victoire se détournent de lui.
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A-t-il encore ses chances en vue de 2017 ou, comme certains l’affirment, est-ce "le coup de grâce" ?
On n’est jamais mort politiquement. Des exemples dans le passé le montrent, à commencer par Alain Juppé, qui était au fond du trou. Il est désormais tout en haut dans les enquêtes d’opinion. En revanche, cela peut prendre beaucoup de temps pour s’en remettre. Compte tenu du temps qui reste d’ici 2017, cela risque d’être très difficile pour François Hollande. Sa seule solution pour s’en remettre serait un retournement de tendance économique, mais les indicateurs ne le laissent pas présager. Si j’ai un pronostic à faire ? Ses chances de réélection sont très sérieusement entamées. Si l’élection avait lieu demain, il serait battu.
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