Rétropédalage pour Claude Guéant. Après avoir été reçu par l'Elysée, le ministre de l'Intérieur a annoncé vendredi une nouvelle circulaire sur le travail des étudiants étrangers "hautement qualifiés" pour le début de l'année."Une circulaire spécifique" sera "adressée aux services préfectoraux au début de l’année 2012" après une réunion "dans les premiers jours de janvier" entre les ministères concernés et des organisations de l'enseignement supérieur, selon le communiqué du ministère.
Nouvelle réunion
Claude Guéant (Intérieur), Xavier Bertrand (Travail) et Laurent Wauquiez (Enseignement supérieur) "recevront dans les premiers jours de janvier, les présidents de la conférence des grandes écoles, de la conférence des présidents d’universités et de la conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs, afin d’aborder avec eux l’accès au marché du travail des diplômés étrangers hautement qualifiés", poursuit le communiqué de Beauvau.
Cette nouvelle circulaire replacera la circulaire du 31 mai, qui restreint le recrutement des étudiants étrangers. Le texte avait suscité une levée de boucliers tant chez les étudiants que chez certains membres du gouvernement. Ce revirement est-il dû à son entretien avec Nicolas Sarkozy? Claude Guéant a en effet été reçu vendredi à l'Elyséeafin de clarifier "l'application" de cette circulaire.
Reçu par Sarkozy
Aucune indication de la teneur des échanges entre le chef de l'Etat et le premier ministre n'a filtré. Dès jeudi, sur Europe 1, Claude Guéant s'était résolu "à avoir une concertation avec les parties prenantes : universités, grandes écoles, patronat". Le ministre de l'Intérieur avait reconnu des "ambiguïtés" et des "incompréhensions" concernant ce texte tout en précisant que l'Etat avait accordé près de "6.500 autorisations cette année". Il s'était également prononcé en faveur d'une nouvelle circulaire "spécifique" aux étudiants étrangers, alors que celle du 31 mai concernaient, selon le ministre, "tous les travailleurs étrangers".
Les étudiants. Le malaise est venu du fait que de nombreux diplômés étrangers n'ont pas pu obtenir un changement de statut d'étudiant à salarié. Et pourtant, certains, très qualifiés, ont été recrutés dans des entreprises françaises. Cette circulaire est donc devenue un sujet d'inquiétude pour universités, grandes écoles, ainsi que pour le Medef, le syndicat patronal. Le texte a aussi attiré à la France de nombreuses critiques en provenance du Maghreb ou de la Chine, d'où proviennent la plus grande partie des étudiants étrangers inscrits dans l'enseignement supérieur français.
L'UMP. Cette circulaire suscite également beaucoup de commentaires au sein de la majorité. Le dernier est date est venu de Charles Givadinovitch, secrétaire national de l'UMP chargé de la lutte contre la précarité et la pauvreté. Dans un communiqué, vendredi, il demande au ministre de l'Intérieur de supprimer sa circulaire. Il "dénonce une situation absurde où des étudiants et jeunes actifs, éduqués dans le système français au sein de nos universités et grandes écoles, se voient refuser un visa de travail". Charles Givadinovitch s'inquiète également "de l'image écornée de notre pays" mais surtout du fait que cette circulaire va aussi "à l'encontre de toute logique économique puisque nos entreprises ont réellement besoin de ces salariés qualifiés qui apportent leur double culture, véritable richesse", ajoute-t-il.
Deux ministres ont également ouvertement critiqué le texte. Le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand a laissé entendre qu'il avait "un problème" avec cette circulaire. Quant au ministre de l'Enseignement supérieur, Laurent Wauquiez, il déplore que "l'université française ferme ses portes aux étudiants étrangers". "Je trouve ça absurde. On s'est plantés, et il faut le dire clairement", avoue-t-il.
Le PS. Le Parti socialiste, par l'intermédiaire de Sandrine Mazetier et Bertrand Monthubert, secrétaires nationaux du PS à l'immigration et à l'enseignement supérieur a réclamé au gouvernement de "ne plus continuer à faire l'autruche". Il souhaite qu'il y ait règlement du statut de ces étudiants étrangers au cas par cas. "Il est urgent de mettre fin à ce mauvais scénario qui empoisonne la vie de centaines de diplômés, pourtant prêts à exercer leurs talents et leurs compétences dans notre pays, et qui dégrade l'image de la France dans le monde", ajoutent les deux socialistes dans un communiqué.
Intellectuels. Une centaine de personnalités, dont le prix Nobel de physique Albert Fert ou le philosophe, Edgar Morin ainsi que l'ex-présidente d'Areva, Anne Lauvergeon ont lancé une pétition demandant "le retrait" du texte, qui avait recueilli jeudi plus de 12.500 signatures.