Eva Joly, candidate à la primaire d'Europe Ecologie-Les Verts, était l'invitée du Grand Rendez-vous, dimanche, sur Europe 1. Interrogée sur ses différences avec Nicolas Hulot, lui aussi candidat, elle a déclaré qu'"il se trompe d'élection présidentielle". "Je pense qu'il a beaucoup fait pour populariser la cause écologiste en France par ses émissions, mais je pense aussi qu'il se trompe d'élection présidentielle. Il fait en 2012 ce qu'il aurait dû faire en 2007".
Selon elle, "aujourd'hui la souffrance est telle que dans les quartiers, on ne demande pas qu'on nous explique la vie, mais qu'on change la vie". Evoquant les passes d'armes qu'elle a eues avec Nicolas Hulot pendant les débats, Eva Joly parle de "clarifications nécessaires". "Après les débats, c'est le moment de l'action. Nous sommes d'accord sur le projet, avec Nicolas. Je ne suis pas d'accord pour dire que ce sont des coups bas, ce sont des clarifications nécessaires", estime-t-elle.
Eva Joly a également réitéré sa confiance en Cécile Duflot, patronne d'EELV. "Je fais confiance à Cécile Duflot pour respecter strictement la neutralité", a -t-elle affirmé, avant d'ajouter que ses doutes étaient "levés" sur les fraudes qu'elle craignait lors du vote de la primaire.
"Un changement radical de la société"
Eva Joly dit vouloir "un changement radical de la société". Selon l'ancienne juge d'instruction, "les forces du changement sont aujourd'hui nécessairement de gauche, car il s'agit de contenir les privilèges, qui sont beaucoup trop puissants dans notre pays (...) On ne peut pas le faire avec ceux qui font des arbitrages tous les jours en faveur des plus riches".
Lagarde au FMI, "risque pour la France"
Interrogée sur la nomination de Christine Lagarde au FMI, Eva Joly s'y est montrée totalement opposée: "ça ne me plaît pas. Je en vois pas ce qu'elle apporte au FMI, ça n'est pas une économiste. C'est exceptionnel qu'une Française succède à un Français, nous prenons un risque réputationnel car la Cour de justice de la République a été saisie en ce qui la concerne".
"Il y a un rapport de la Cour des comptes qui pointe des dysfonctionnement sur l'affaire Tapie", a-t-elle ajouté, avant de prédire un non-lieu. "Le procureur courageux qui a saisi la Cour de justice de la République pour Christine Lagarde part à la retraite. Je mets ma main à couper que le prochain procureur général de la Cour de cassation, qui est le procureur général de la CJR, sera choisi par Nicolas Sarkozy parce qu'il va requérir le non-lieu".
Si Eva Joly considère que Christine Lagarde a droit à la présomption d'innocence, elle s'interroge : "quelle sera la situation de la France lorsque la commission d'instruction de la CJR ouvrira l'enquête ?"
Areva, "menace pour les finances"
Questionnée sur le remplacement d'Anne Lauvergeon à la tête d'Areva, elle a répondu : "ce n'est pas mon souci car je veux qu'on sorte du nucléaire. Je ne vois pas l'avantage de remplacer une ingénieure par un commercial (...) J'aurais peut-être maintenu l'ingénieur avec pour misison de commencer à sortir du nucléaire. C'aurait été l'obligation de son 3e mandat".
La candidate aux primaires d'Europe Ecologie - Les Verts a également répondu à une question sur l'information du JDD selon laquelle la commission des finances de l'Assemblée nationale s'inquiète de la gestion d'Areva, dans le cadre du rachat de la société canadienne Uramin. "Je ne connais pas ce point précis mais je sais qu'Areva est une menace pour les finances publiques françaises", estime Eva Joly, avant de souhaiter "une enquête de la Cour des comptes pour connaître le véritable engagement d'Areva.
Revenant sur la sortie du nucléaire, elle a conclu : "nous fermerons immédiatement les centrales dangereuses (...) Ce que les Allemands peuvent faire, nous pouvons le faire. Avec le nucléaire, il y a l'inconnu qui est le coût de stockage des déchets et le coût de l'accident que nous aurons à coup sûr dans les dix prochaines années".
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