Eva Joly se met en retrait volontaire

Eva Joly a décidé de "prendre la hauteur" par rapport à la joute entre le Parti socialiste et son pari sur le nucléaire. © Reuters
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avec agences , modifié à

La candidate écologiste souhaite se donner un délai de réflexion après l’accord avec le PS.

Pendant deux jours, la brouille entre le Parti socialiste et Europe Ecologie-Les Verts au sujet du nucléaire a grandement alimenté la chronique politique. Mais parmi les écologistes qui sont montés au front au sujet notamment du retraitement des déchets et du MOX, Eva Joly a brillé par son absence.

En fait, depuis l’accord au forceps trouvé mardi entre les deux partenaires de la gauche, la candidate écologiste à la présidentielle s’est mise en retrait de la scène médiatique. Avec en point d’orgue un retrait de dernière minute de l’émission de France 2 Des paroles et des actes, dans laquelle elle devait affronter mardi soir Jean-François Copé.

"Eva Joly s’interroge"

Un temps, l’interrogation a même plané sur le maintien de sa candidature. La faute à Noël Mamère. "Eva Joly s'interroge. Elle est dans une position extrêmement difficile à assumer aujourd'hui", a lâché mercredi soir le député-maire de Bègles sur le site de Public Sénat. L’’ancien candidat à la présidentielle (5,25% des suffrages en 2002) a rappelé qu’Eva Joly avait martelé à l’envi qu’un accord avec le PS ne se ferait pas sans sortie du nucléaire. Ce qui n’a finalement pas été le cas. "Elle a toujours eu une position très ferme sur ces questions. On est en train de s'en éloigner très sérieusement", a insisté l’élu de Gironde.

Et puis il y a eu cette intervention d’Areva auprès du Parti socialiste. Le géant du nucléaire avait prévenu "des conséquences graves" qu'entraînerait l'arrêt du retraitement et de la filière du combustible MOX. Noël Mamère s’est dit "profondément troublé et extrêmement choqué qu'une entreprise comme Areva, entreprise publique, puisse s'immiscer de cette manière dans des discussions politiques, au point de faire capoter l'accord". Il semble qu’Eva Joly l’a vécu de la même façon. Selon un membre de son entourage, l’ex-juge d’instruction est "profondément troublée qu'une entreprise se soit sentie capable d'intervenir directement dans le débat politique".

"Remontée comme une pendule"

Pour autant, Eva Joly n’a jamais songé à se retirer. "Eva est remontée comme une pendule", assure l’un de ses proches. Non, si la candidate écologiste a décidé de se faire discrète, c’est pour "prendre un peu de hauteur", notamment par rapport à la brouille entre les Verts et les socialistes, assure son entourage. "Eva comprend bien la nécessité d'avoir un accord et une représentation parlementaire mais elle ne s'inscrit pas dans la logique d'être dans les négociations", assure un proche. "Elle, elle est candidate."

Mais après un tel silence, il faudra bien qu’Eva Joly réoccupe l’espace. Il faut "qu'elle réfléchisse à la manière dont elle rependra la parole" dans les jours qui viennent, reconnaît un proche. Reste à savoir si cette absence aura un peu plus mise en difficulté déjà fragile. Ses soutiens espèrent surtout que la non-sortie du nucléaire permettra à la candidate écologiste de justifier sa présence face à François Hollande au premier tour de l’élection présidentielle.