"La situation sanitaire et de sécurité nécessitait l'évacuation à Évry. Je ne peux pas supporter, en tant que ministre de l'Intérieur, en tant que citoyen, en tant qu'homme de gauche, qu'il y ait des bidonvilles dans lesquelles des hommes vivent dans des conditions insupportables." Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a justifié lundi matin sur Europe1 l'évacuation d'un camp rom à Évry, son fief, à l'aube.
Nouvelle circulaire
Selon les associations, ce démantèlement était illégal, car il ne suivait pas une décision de justice."La commune ne respecte même pas la loi, avait en effet un peu plus tôt protesté au micro d'Europe1 Elisabeth Toulec-Merten, représentante de l'Association de solidarité de l'Essonne avec les familles roumaines Roms (ASEFRR). On nous disait : il n'y aura pas d'expulsions sans jugement. Mais le jugement est demain."
Pour sa défense, Manuel Valls a évoqué une nouvelle circulaire, étoffant un peu son discours de fermeté. "Une circulaire a été adressée dimanche soir aux préfets, qui prévoit qu’il y ait évacuation de campement lorsqu'il y a une décision de justice, ou quand il y a une situation en matière de sécurité et sanitaire qui n'est pas supportable", a informé le ministre. Auparavant, c'est la décision de justice qui était plutôt mise en avant.
Valls et Cazeneuve en Roumanie mi-septembre
Le ministre a tout de même tenu à montrer son engagement pour trouver des solutions pour les Roms. Il a assuré lundi que des efforts seront faits pour "trouver des solutions aux relogements de tous les Roms expulsés des camps illégaux". Il a par ailleurs soutenu que c'est "au niveau européen" que le problème doit être réglé. Manuel Valls a d'ailleurs annoncé qu'il se rendrait à la mi-septembre en Roumanie, avec le ministre des Affaires européennes, Bernard Cazeneuve, pour "dialoguer" et trouver une "solution".
"Dans un certain nombre de ces pays, les Roms sont stigmatisés, voire pourchassés. Je veux comprendre pourquoi des politiques puissantes ne sont pas menées pour intégrer ces populations", explique le ministre. Il insiste, et assure préférer le "dialogue" à la sanction économique contre les pays d'origine des Roms." "Bernard Cazeneuve a par ailleurs demandé à la Commission européenne d'inscrire au conseil des affaires générale cette question là", a-t-il également rappelé.
Tous les membres d'un camp dans le même immeuble?
Quand aux solutions de relogement provisoire, souvent refusées par les intéressés, Manuel Valls a estimé que c'était "aux associations en lien avec l’État, les élus, de trouver des solutions et j'en appelle à la responsabilité", a-t-il dit.
Manuel Valls s'est en revanche montré défavorable à l'éventualité de reloger tous les membres d'un camp évacué dans un même immeuble, parce qu'il "faut lutter contre (les) mafias, (les) réseaux, qui entretiennent une délinquance, une criminalité, par l'exploitation, notamment, de mineurs".