Le contexte. L’UMP s’apprête à boucler sa quatrième semaine de crise interne. Jean-François Copé, président proclamé mais contesté, et son grand rival François Fillon ne trouvent pas d’accord pour arrêter une date en vue d’une nouvelle élection, dont le principe fait consensus. Bernard Accoyer, non-aligné penchant nettement pour François Fillon, organise mardi prochain un référendum à destination des parlementaires UMP pour savoir s’il faut revoter dans le premier semestre 2013. Un vote qui sera forcément favorable à l’ex-Premier ministre, vu le rapport de force au Parlement.
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Cette échéance, certains la redoutent et tentent de tout faire pour sortir de l’impasse avant. C’est notamment le cas des trois ex-Premiers ministres Alain Juppé, Edouard Balladur et Jean-Pierre Raffarin.
Raffarin ne veut pas tout perdre. Plutôt centriste dans ce grand parti de droite qu’est l’UMP, Jean-Pierre Raffarin avait surpris en choisissant Jean-François Copé. L’ancien Premier ministre avait pour ambition de conduire une importante aile centriste au sein de l’UMP version Copé et d’ainsi en devenir l’une des principales figures. Il lorgnait même déjà la présidence du Sénat, en cas de rebasculement de la Chambre haute vers la droite lors des sénatoriales de 2014. La crise à l’UMP a fait voler ce beau scénario en éclats.
Alors en coulisses, le sénateur de la Vienne s’escrime à trouver une solution avant le référendum de mardi, qui risque de disqualifier Jean-François Copé et ses soutiens avec lui. Selon les informations d’Europe 1, il est en première ligne, avec Brice Hortefeux, dans des discussions informelles avec François Fillon et ses soutiens. Leur objectif : dégager une date pour un nouveau vote, à l’automne 2013 probablement, qui conviendrait aux deux camps. Et ainsi sortir tant l’UMP de la crise que Jean-François Copé de son entêtement à vouloir revoter en 2014. Car sinon, pour ses soutiens, la pente, bien raide, pourrait mener droit dans le mur.
Juppé, le come-back. Après avoir tenté, en vain, une médiation au tout début de la crise, Alain Juppé était depuis resté discret. Le maire de Bordeaux a refait parler de lui vendredi, en publiant un billet sur son blog. S’il maintient sa posture de non-aligné, sa prise de position ne fera sans doute pas plaisir à Jean-François Copé. "Qui ne comprend que le plus tôt sera le mieux ? Attendre 2014 n'a pas de sens", écrit ainsi l’ancien Premier ministre. "J'en appelle donc à Jean-François et à François pour qu’ils se mettent rapidement d’accord sur les modalités de l’opération", poursuit Alain Juppé.
Même Balladur sort de son silence. Avant Alain Juppé, c’est encore un autre Premier ministre, Edouard Balladur, qui avait brisé son silence. Et là encore, Jean-François Copé a eu de quoi faire la grimace. "Il faut procéder à de nouvelles élections le plus vite possible", a asséné l’ancien candidat à la présidentielle dans Le Figaro jeudi. Puis, balayant sans ménagement les arguments du député-maire de Meaux : "on ne peut pas les différer longtemps sous prétexte que tous les efforts devraient se concentrer sur la préparation des prochaines élections municipales, cantonales et sénatoriales en 2014".