"Il y a une panique aujourd’hui à la tête de l’Etat, accentuée par cette fragilisation, donc je ne suis pas du tout certaine qu’un remaniement, quel qu’il soit, soit la solution, il faudrait une vraie prise de conscience des erreurs qui ont été commises et un changement de cap en profondeur de la politique“, a estimé Cécile Duflot, invitée dimanche du Grand Rendez-vous Europe 1/Le Parisien.
Derrière le cas MAM, la responsabilité élyséenne
La secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts doute en effet que le remplacement de Michèle Alliot-Marie suffise à donner une nouvelle impulsion à la diplomatie française. Car les errements de la diplomatie françaises relèvent, à ses yeux, plus de l’Elysée que du quai d’Orsay.
“Les déclarations politiques (de MAM, ndlr) étaient parfaitement couvertes par le Premier ministre et par la président de la République, donc (le remaniement) ne règle pas le problème de la manière donc le dossier tunisien a été géré“, a-t-elle déclaré, avant de lancer : “On va finir par passe un peu pour des Guignols“.
“Pas sûre que Alain Juppé ait les moyens de sa volonté“
En cas d'arrivée d'Alain Juppé au ministère des Affaires étrangères, Cécile Duflot doute qu'il puisse obtenir plus d'indépendance que Michèle Alliot-Marie, ce ministère étant la chasse gardée de Claude Guéant et de l'Elysée.
"Je ne suis pas sûre que Alain Juppé ait les moyens de sa volonté", a-t-elle estimé :
“Il y aura eu deux époques. L’époque paravent, avec Kouchner qui ne décidait de rien et qui faisait un peu joli dans le décor du fait de son passé qu’on a finalement instrumentalisé. Et puis il y aura eu MAM, qui à la fois sert de fusible et y a bien aidée elle-même“, a analysé Cécile Duflot.
Une diplomatie instrumentalisée
“Nicolas Sarkozy a repris le cheval de Georges Bush sur la guerre de civilisation, avec un sous-entendu qui était que la démocratie, la liberté n’était pas possible dans les pays arabes et qu’il fallait les affronter", a déclaré Cécile Duflot à propos des timides réactions de la France face aux révolutions successives dans le monde arabe.
Et la chef de file des écologistes de dénoncer l’instrumentalisation des affaires internatioanles au profit des seuls enjeux électoralistes locaux. “La dégradation de nos relations avec la Turquie, elle a pour beaucoup de raisons la motivation d’alimenter le débat de politique intérieure française, et cela est une catastrophe. C’est Georges Bush qui faisait cela, c’est Georges Bush qui, pour se sécuriser à l’intérieur des Etats-Unis, créait un monceau d’ennemis, on se souvient des armes de destruction massives. C’est la même logique qui est à l’œuvre“.