A huit mois de la présidentielle, Claude Guéant souhaite marquer le coup. Le ministre de l'Intérieur a jugé lundi atteignable l'objectif "historique" de 30.000 reconduites aux frontières en 2011, espérant par ailleurs une "inflexion durable" des violences aux personnes. Une fois n'est pas coutume, les propos de l'ancien patron de la police nationale n'ont pas manqué de faire grincer des dents à gauche.
"Stigmatiser les immigrés"
Pour Sandrine Mazetier, secrétaire nationale à l'immigration du PS, cette annonce n'est que le reflet de l'échec de la politique du gouvernement en matière d'immigration. "Le durcissement de cette politique du chiffre n'aboutit en réalité à aucun résultat. Un an après le discours nauséabond prononcé par Nicolas Sarkozy à Grenoble, montrant du doigt les Roms, chacun peut mesurer les dégâts et l'inefficacité de cette politique", a critiqué dans un communiqué la députée de Paris.
François Hollande, candidat à la primaire socialiste, a dénoncé lundi la volonté du ministre de l'Intérieur de relever les objectifs de reconduite à la frontière des immigrés en situation irrégulière."Une nouvelle fois, les propos de Claude Guéant visent à stigmatiser les immigrés", a déploré François Hollande dans un communiqué. L'ancien secrétaire général de l'Elysée "tente inlassablement de démontrer que ceux-ci seraient la cause de tous les problèmes rencontrés en France aujourd'hui" et la politique du chiffre "est devenue la règle", a conclu le député de la Corrèze.
Guéant plus fort qu'Hortefeux ?
En début d'année, l'objectif fixé pour 2011 par son prédécesseur Brice Hortefeux avait été de 28.000 reconduites à la frontière. Claude Guéant a décidé de le remonter à 30.000. Si cet objectif chiffré, que dénoncent la gauche et les associations, est atteint, ce sera "le meilleur résultat que nous aurons historiquement enregistré", avance Claude Guéant, notant que "sur les sept premiers mois de l'année, nous avons reconduit 17.500 étrangers, 4% de plus" qu'en 2010.
Pour Pierre-Henry Brandet, porte-parole du ministère de l'Intérieur, le gouvernement s'est donné les moyens de ses ambitions. Interrogé par Europe 1, ce dernier explique principalement ces chiffres par "l'entrée en vigueur de la loi Immigration-Intégration, qui donne de nouveaux outils juridiques, par exemple le maintien prolongé en rétention administrative". Une rétention plus longue qui permet de garantir jusqu'au bout les procédures de reconduite à la frontière.
Concernant l'immigration régulière, Claude Guéant répète vouloir réduire de 200.000 à 180.000 le nombre d'entrées légales d'étrangers en France, notamment celles du travail: "La priorité, c'est de proposer du travail aux personnes demandeuses d'emploi en France, qu'elles soient françaises ou non".