Marine Le Pen a présenté, samedi, son programme - non chiffré - pour 2012.
"Audacieux", "courageux" et il faut bien l'avouer aussi "un peu décevant". Les participants du "banquet des 1.000" du Front National étaient partagés, samedi à Paris, après la présentation du programme pour 2012 de Marine Le Pen. "Je m’attendais à des surprises. Là, c’est resté très classique", confie même à Europe1.fr une militante frontiste.
En une heure de discours, Marine Le Pen a détaillé les principales mesures qui lui permettront d'arriver à sa "révolution bleu marine, blanc, rouge". La présidente du Front national ne dévoilera que le 12 janvier, en même temps qu'un plan de désendettement de la France, le financement de son programme. En attendant, voici les grandes lignes de ce projet axé sur l'euro qui "asphyxie l'économie", une limitation extrême de l'immigration et des mesures contre le "pillage" du pays.
Le volet institutionnel - Marine Le Pen a débuté son discours en présentant des mesures fortes sur le plan institutionnel, proposant de mettre en place un septennat non renouvelable et l'interdiction de réviser la constitution sans "consulter le peuple dans son ensemble". Elle s'est également prononcée en faveur des référendum d'initiatives populaires.
Son projet économique - Pour défendre la France prise dans le crise économique, Marine Le Pen a remis en avant la vieille idée de son père : la préférence nationale. Elle a ainsi dit vouloir défendre "l'intérêt des Français contre l'intérêt des marchés financiers, l'intérêt des Français avant l'intérêt des autres peuples, y compris européens". "Ma vision de l'Europe n'est pas la leur", a-t-elle martelé, en défendant l'idée d'une "Europe de l'espoir" qui ne prendra pas "ses ordres chez Goldman Sachs ", la banque d'investissement américaine.
Dans ce cadre économique, Marine Le Pen prône également la nationalisation des entreprises des secteurs stratégiques, un grand secteur public bancaire, la nationalisation partielle et temporaire des banques face à la crise, un impôt sur les revenus plus juste et un protectionnisme national avec des droits de douane et quotas d'importation aux frontières nationales.
L'immigration, son fond de commerce - "L'immigration, armée de réserve du capital, doit cesser", a estimé Marine Le Pen à son assistance, conquise. Elle ensuite a été applaudie à tout rompre lorsqu'elle a promis "le principe de priorité aux Français, dans l'accès à l'emploi, aux logements et dans l'attribution des aides sociales". Faisant de la famille quelque chose de "sacré", Marine Le Pen a aussi insisté sur la nécessité d'un "revenu parental".
Sa vision de la justice - Mesure phare en matière de justice : Marine Le Pen souhaite que ce soit un jury de cour d'assises qui se prononce sur la libération conditionnelle des détenus et non plus un juge d'application des peines.
Son projet pour les médias - La candidate du FN s'est aussi livrée à une critique des médias, qu'elle dit assujettis au pouvoir, mais pas des journalistes, ni d'internet, "espace de liberté". "Le journalisme est un beau métier", assure-t-elle, promettant, si elle était élue, "qu'aucun organisme de presse ou audiovisuel ne pourra appartenir à une entreprise" bénéficiant de marchés de l'Etat.
Sa politique étrangère - La présidente du FN a longuement détaillé sa vision de la politique étrangère en proposant que la France tienne compte de la nouvelle donne provoquée par les pays émergents. Elle a souhaité la sortie de la France du commandement intégré de l'Otan, la création d'une "Organisation paneuropéenne" avec la Suisse mais sans la Turquie et une "Europe des nations", et non fédérale. Enfin, Marine le Pen a dit vouloir favoriser l'existence d'un Etat palestinien avec l'assurance "d'un Etat d'Israël sûr". La candidate a assuré qu'elle refuserait d'entretenir des relations avec un Etat soutenant le terrorisme que ce soit contre l'Europe, les Etats-Unis ou Israël.
Au final, rien de très surprenant, puisque Marine Le Pen a déjà distillé au fur et à mesure des derniers mois les grands axes de la politique qu'elle mènerait. Reste qu'à cinq mois du scrutin présidentiel, l'événement se déroulait dans un contexte toujours favorable pour la présidente du Front national, installée à la 3e place avec 16 à 19% d'intentions de vote, et avec le second tour en ligne de mire.