Laurent Fabius ne mâche pas ses mots. En pleine bataille autour du projet de la réforme des retraites, l’ancien Premier ministre a tenu à mettre les points sur les "i", dimanche, lors du Grand Rendez-vous Europe1/Le Parisien/Aujourd'hui en France. Premièrement en apportant quelques précisions au sujet d’un éventuel soutien du FMI à la réforme du gouvernement.
Un rapport du Fonds monétaire international (FMI), récemment rendu public, place l'organisation en faveur de l'allongement de l’âge légal de la retraite et félicite les pays qui réforment dans ce sens, notamment la France. Laurent Fabius n’est pas d’accord sur son interprétation.
"Ce texte n’engage pas le FMI"
Le député de Seine-Maritime a tenu à souligner que ce texte "réalisé par trois personnes du FMI n’engage que ces trois personnes et non l’organisation", précisant qu’"il n’a pas été publié à l’occasion du débat en France, mais qu’il date d’il y a six mois". "Ce texte n’engage pas le FMI. Il examine toute une série de sujets en matière budgétaire. Et propose trois méthodes dont l’allongement de l’âge de la retraite", a détaillé le député.
"Le FMI dit, en revanche, très clairement, qu’il faut que financièrement le régime des pensions soit équilibré jusqu’en 2030", a-t-il poursuivi, "or, une des critiques que nous faisons est que le projet du gouvernement n’est pas équilibré", a-t-il expliqué, ajoutant qu’"on peut accorder, en matière de retraites, autant de crédibilité à Monsieur Woerth qu’en matière de démarches pour la Légion d’honneur".
Woerth "n'a aucune crédibilité" :
DSK a "un rôle positif"
Au sujet du président du FMI, Dominique Strauss-Kahn, qui s’est prononcé en faveur d’un report de l’âge de départ à la retraite, et que la majorité a utilisé comme argument, Laurent Fabius s’est interrogé sur la stratégie adoptée par la droite. "J’ai l’impression que la droite voudrait l’avoir avec elle parce qu’elle a peur de l’avoir contre elle". Pour le député, DSK reste "assez distant de l’approche libérale traditionnelle" du FMI, lui reconnaissant un "rôle positif".
Toujours au sujet des retraites, Laurent Fabius a souligné, dans l’éventualité d’une victoire du Parti socialiste à la présidentielle de 2012, la nécessité de "revenir sur la question des retraites", car "tous les gens qui connaissent ce dossier savent que financièrement ce dossier n’est pas bouclé", a-t-il expliqué, estimant à un an le temps nécessaire pour discuter et établir une nouvelle réforme. L’alternative proposé par le Parti Socialiste se concentrerait sur la suppression "d’un certains nombre d’avantages fiscaux consentis. Par exemple le bouclier fiscal", a-t-il rappelé.
"Que Sarkozy se remanie lui-même"
Laurent Fabius s'est également exprimé sur la visite de Nicolas Sarkozy cette semaine au Vatican, dénonçant une sur-médiatisation de ce déplacement. "C’est un petit pic du Sarkozisme. On utilise d’une manière publicitaire un geste. On confond la spiritualité, la politique et la petite politique", a-t-il souligné.
L'ancien Premier ministre a également commenté les prochains changements au gouvernement. "Je suis très favorable a un remaniement".
"Que Sarkozy se remanie lui-même", a-t-il souligné :
Réagissant à un sondage du JDD qui annonce que 38% des Français voient Jean-Louis Borloo à Matginon, Laurent Fabius a simplement dit, qu'il est "une personnalité sympathique, mais nous avons eu à traiter ensemble des sujets sur ma région et malheureusement nous n’avons jamais avancé".