En meeting à Rouen, mi-février, Français Hollande concédait déjà aux 10.000 sympathisants venus l’écouter qu’il avait "besoin de Laurent Fabius. Et [qu’il ] en aurait encore davantage besoin après l’élection présidentielle." Une déclaration qui scellait alors la réconciliation des deux hommes dont les rapports avaient été tendus durant la primaire socialiste.
En attendant cette après-présidentielle qu’évoque Hollande, Laurent Fabius est appelé à éprouver sa fidélité, mardi soir sur le plateau de Des paroles et des actes de France 2 : l’ex-Premier ministre sera le premier socialiste à débattre face à Nicolas Sarkozy depuis le début de la campagne.
Sa mission : parler "chômage et comptes publics"
Quelle est la feuille de route de Laurent Fabius pour contrer le président-candidat ? "D’abord, mener une confrontation courtoise. C’est quelque chose que François Hollande souhaite : une campagne digne. Nicolas Sarkozy, lui, ne cesse de la dégrader", assure, à Europe1.fr, Bernard Cazeneuve, porte-parole de François Hollande et proche de Laurent Fabius. L’ex-Premier ministre aura également pour mission de "questionner le candidat sur ces vrais sujets qu’il n’aborde plus : le chômage, le pouvoir d’achat et la situation des comptes publiques", renchérit Cazeneuve.
Selon le porte-parole, Laurent Fabius est devenu un atout dans la campagne du candidat socialiste à la présidentielle grâce à "son expérience", "son expertise", "son intelligence". Rien que cela.
Casting improbable il y a 6 mois
Ce casting est pourtant surprenant, tant les deux hommes avaient pu paraître éloignés durant la primaire socialiste d’octobre dernier. Il y a six mois en effet, Laurent Fabius, alors soutien de Martine Aubry, avait eu des mots acerbes pour l’élu de Corrèze, soulignant le manque d’expérience du jamais-été-ministre François Hollande et lâchant même : "franchement, vous imaginez François Hollande président ? On rêve".
"C’est du passé. Aujourd’hui, tous les socialistes sont réunis. D’ailleurs, depuis la victoire de François Hollande à la primaire, Laurent Fabius a été ‘réglo’ avec le vainqueur. Il ne serait pas là sinon", précise Bernard Cazeneuve. L’ex-Premier ministre est en effet un "légitimiste" et s’est immédiatement rangé derrière le candidat, qui, de son côté, a aussi fait appel à ses compétences, l’envoyant par exemple en Chine pour le représenter.
François Hollande "a été désigné brillamment. A partir de là, deux questions se posaient : est-ce que je voulais l’aider et est-ce qu’il voulait que je l’aide ?", explique, lui-même, Laurent Fabius dans les colonnes de Libération. En attendant son grand débat face Nicolas Sarkozy, l’ex-Premier ministre s’est mis au vert. Lundi, il a potassé au calme en Normandie.