Éclipsée par le revirement américain et la contre-proposition russe, la France est toujours au premier plan sur la Syrie, assure Laurent Fabius. Entre certitudes, doutes et craintes, le ministre des Affaires étrangères est revenu sur cet épineux dossier diplomatique. Morceaux choisis.
"Notre fermeté paye". Laurent Fabius s'est plusieurs fois félicité de la position française, qui, selon lui, a permis de faire avancer les choses. "Nous accueillons la proposition russe avec intérêt et prudence", a-t-il dit. "Intérêt parce que c'est la première fois qu'il y a cette ouverture, et prudence parce qu'il s'agit quand même d'un revirement russe", a ajouté l'hôte du Quai d'Orsay. "Notre fermeté paye et ils se rendent compte que les preuves d'un massacre chimique sont de plus en plus accablantes", a encore dit le socialiste, qui conclut : "Ils ont évolué, c'est très bien".
"La France associée aux pourparlers". La contre-proposition russe et l'ouverture imminente d'un débat au Congrès américain sur d'éventuelles frappes relèguent la France à jouer les seconds rôles. "La France sera associée aux pourparlers entre les Etats-Unis et la Russie", a affirmé Laurent Fabius, qui refuse clairement cette position. "C'est l'attitude qu'on a eu dès le départ, cette fermeté réfléchie, qui peut permettre d'avancer", pense-t-il. "J'aurai dans la journée mon collègue américain, je dois me rendre en Russie la semaine prochaine. J'aurai mon collègue chinois, nos collègues européens, le secrétaire général des Nations Unies, c'est une discussion permanente", a ajouté l'ancien Premier ministre.
"Assad partira". Laurent Fabius s'est également dit sûr que le dictateur syrien cèdera bientôt son poste. "Bien sûr qu'il partira. On n'imagine mal que quelqu'un qui a été responsable de 110.000 morts puisse indéfiniment rester au pouvoir", a-t-il expliqué sur Europe 1. "Notre objectif est la négociation politique, mais nous avons dit que pour arriver à faire bouger la situation, il fallait faire preuve de grande fermeté", a-t-il ajouté, rappelant le souhait de la France de voir la CPI se pencher sur le cas Assad. "Quand il y a crime contre l'humanité, il faut qu'il y ait une saisine et ça passe par le Conseil de sécurité de l'ONU. Donc, nous le demandons, comme on le fait depuis longtemps, que la Cour pénale internationale puisse avancer".