L'INFO. "C'est un rendez-vous très attendu" (…) "Les moments dans la vie politique où l'on est complètement libre sont peu nombreux, il doit en profiter". A écouter son plus proche lieutenant, Jérôme Chartier, interrogé par Le Figaro, François Fillon devrait profiter de son passage télé dans l'émission "Des paroles et des actes", jeudi soir, sur France 2, pour s'affranchir encore un peu plus de Nicolas Sarkozy.
"Tracer son chemin". "Entre l'ancien président et son Premier ministre qualifié un temps de "collaborateur", les rapports ont changé. Fini les coups de téléphone réguliers. Les propos de François Fillon en marge d'un déplacement à Tokyo, le 9 mai, affirmant qu'il sera "candidat quoiqu'il arrive" lors de la primaire UMP de 2016 - en clair, même si Sarkozy revenait dans la course - ont fortement distendu les liens. Désormais, c'est donc chacun pour soi. Tandis que l'ancien chef de l'Etat entretient le mythe de l'homme providentiel - prêt à revenir "si l'on a besoin de lui", François Fillon, lui, veut montrer, y compris à ses troupes, sa détermination pour la présidentielle de 2017. "Moi, je trace mon chemin", confie t-il jeudi au Monde rappelant "qu'il a été parfaitement loyal pendant cinq ans". A chacun son tour, donc.
Accentuer les divergences. François Fillon cherche aujourd'hui à se démarquer du président sortant. Sur l'analyse de la crise. "Nous avons une différence d'appréciation. Moi je pense que c'est une crise structurelle qui va s'aggraver. Lui pense que la situation est maîtrisable et que l'économie va repartir", confie t-il au Monde. Le 8 mai, dans un documentaire diffusé sur France 3, l'ancien Premier ministre employait l'adjectif "irréconciliable" pour parler de leurs divergences sur la stratégie à adopter face au Front national. "Nicolas Sarkozy pense que le FN est à combattre parce qu'il affaiblit la droite. Moi, je pense qu'il est à combattre parce qu'il est en dehors des limites du pacte républicain." "Ça, c'est une vraie divergence", insistait l'ancien locataire de Matignon.
Pas à la hauteur pour Sarkozy. Face aux ambitions présidentielles de François Fillon, Nicolas Sarkozy laisse entendre que son ancien Premier ministre ne sera pas à la hauteur ou n'en aura finalement pas envie. "Ce n'est pas la même chose de se retrouver cinq ans sur le porte-bagages et de prendre le guidon", ne cesse de répéter l'ancien chef de l'Etat à ses proches, selon des propos rapportés dans le Monde. "Fillon ne sera jamais président, parce qu'il n'en a pas assez envie", moque un autre lieutenant de l'ancien président dans Libération. L'ancien Premier ministre a la soirée pour leur démontrer le contraire.
Ces fillonistes tant convoités. Afin d'isoler François Fillon, Nicolas Sarkozy tente un rapprochement avec plusieurs soutiens du député UMP de Paris. L'ancien président s'est récemment entretenu avec deux de ses fidèles, Eric Ciotti et Valérie Pécresse. Quant au maire de Troyes François Baroin, Nicolas Sarkozy l'a emmené dans ses bagages lundi lors de son escapade londonienne. Mais ce soir, l'ancien ministre de l'Economie sera sur le plateau de France 2. Derrière François Fillon.