La campagne présidentielle est définitivement en train de s’accélérer. Après le président de la République dans les colonnes du Figaro magazine, c’est au tour du Premier ministre François Fillon d’accorder une longue interview au journal Le Monde. L’occasion pour le Premier ministre de défendre les projets de Nicolas Sarkozy, tout en affirmant sa légère différence sur la polémique des civilisations.
Droitisation de la majorité ? "Un contre-sens"
François Fillon revient notamment sur les propositions de référendums sur les chômeurs et le droit applicable aux étrangers. "Y voir une stigmatisation des chômeurs, une droitisation de la majorité, est un contre-sens", affirme-t-il.
"Nous dépensons 30 milliards d'euros par an dans la formation professionnelle mais seuls 10% des chômeurs sont en formation. C'est un échec, un immense gâchis. (...) Le système de la formation professionnelle est resté un maquis. D'où l'idée d'un changement de méthode", argumente François Fillon.
"Le gouvernement ne doit plus accepter de demi-mesure. En cas d'échec, il faut surmonter le blocage et demander son avis au peuple", confirme-t-il.
Un droit applicable aux étrangers "ingérable"
S'agissant du droit applicable aux étrangers, François Fillon qualifie d'"ingérable" la situation actuelle, où "plusieurs juges, administratifs et judiciaires", interviennent sur un même dossier de reconduite à la frontière.
"Depuis 2007, le président de la République a dit qu'il faudrait une juridiction unique. Mais il faut pour cela une modification de la constitution", une démarche "quasi-impossible" depuis le basculement du Sénat à gauche en septembre 2011, argumente-t-il.
"Tout se jouera dans les trois dernières semaines"
D’un point de vue plus général, le Premier ministre se dit convaincu que "rien n'est joué" pour l'élection présidentielle. "Tout (...) se jouera dans les trois dernières semaines", estime-t-il.
Face à un Nicolas Sarkozy qui "sent très bien la situation, le pays" et qui pendant la campagne "va trouver les mots et les moyens de s'adresser" aux Français, il oppose les propositions "totalement incompréhensibles" de François Hollande, particulièrement en matière de réduction de la dépense publique.
Guéant désavoué sur la forme, pas le fond
François Fillon prend par ailleurs ses distances avec les propos tenus par Claude Guéant sur les "civilisations qui ne se valent", une phrase qu'il n'aurait "sans doute pas" prononcée.
Comme on lui demandait s'il aurait parlé "d'inégalité entre les civilisations", à l'image du ministre de l'Intérieur, le Premier ministre rétorque: "Sans doute pas". "Mais on peut (...) en débattre sans jeter des anathèmes", poursuit-il
"Nous n'acceptons pas que la religion vienne primer sur les droits des personnes, les règles de fonctionnement de l'Etat. C'est un combat qui a été mené autrefois contre les excès temporels de l'Eglise catholique", fait-il valoir, avant de noter qu'"aujourd'hui, c'est plutôt avec l'islam que la question se pose". "Mais c'est conjoncturel", prend-il soin de relever.