Au feu les pompiers. "L’urgence, c’est d’éteindre l’incendie". Ainsi s’exprime l’un des plus proches collaborateurs de François Fillon, pour le moins circonspect après les attaques de l’ancien Premier ministre à l’encontre de Nicolas Sarkozy, dans le Journal du Dimanche d’abord, dans Valeurs actuelles ensuite. Car même l’entourage du député de Paris a du mal à comprendre sa stratégie, selon les informations de Caroline Roux, éditorialiste à Europe 1. Le même proche de François Fillon reconnaît d’ailleurs vivre des moments difficiles et n’hésite pas, sous couvert d’anonymat, à qualifier d’"amateurisme" la posture de son favori.
Des élus qu’il faut contenir. Depuis plusieurs jours d’ailleurs, la garde rapprochée de François Fillon gère les appels d’élus ulcérés. Ces proches de l’ex-Premier ministre ont donc déjà imaginé la suite : une tournée en régions pour rassurer ces élus locaux d’abord, puis une plus grande discrétion. Plus un mot, jurent-ils, sur Nicolas Sarkozy. Et des interviews désormais soigneusement ciblées sur le fond.
Déjà des désertions. Pour certains même, le point de non retour est atteint. Mardi, Christian Estrosi, en bureau politique à l’UMP, a publiquement pris ses distances avec celui qu’il a soutenu dans la guerre des chefs à l’UMP. Les historiques ont eux pris du champ depuis longtemps. Ainsi, Laurent Wauquiez insiste auprès des observateurs pour ne plus être présenté comme "filloniste". Le député de Haute-Loire se décrit désormais comme un homme libre. Quant à Valérie Pécresse, l’un des principaux soutiens de François Fillon, elle se fait des plus discrètes. L’ancienne ministre de l’Enseignement supérieur rase les murs en prévision de sa campagne régionale en Île-de-France, où elle aura besoin de tout le monde à droite, y compris des amis de Nicolas Sarkozy.
Une erreur de jugement. Le risque, désormais, pour François Fillon, est de se retrouver bien seul. L’ancien Premier ministre a sans doute commis une erreur de jugement lors de la guerre des chefs de l’UMP. L’attelage autour de lui regroupait en effet des élus qui se positionnaient contre Jean-François Copé, mais qui gardent une loyauté indéfectible vis-à-vis de Nicolas Sarkozy. Et ces élus savent bien que l’ancien président est soutenu par 80% des sympathisants de l’UMP. Les plus lucides, chez François Fillon, savent qu’il y aura des pertes en ligne. Les plus optimistes, eux, se rassurent : Nicolas Sarkozy ou Jacques Chirac n’avaient pas les députés avec eux au départ et pourtant, ils ont été élus, rappellent-ils à l’envi.