"Depuis le départ de Nicolas Sarkozy, il n’y a plus, à l’UMP, de leader naturel. Donc, il y aura une compétition". L'attaque signée de François Fillon, mercredi dans le Figaro Magazine, aurait difficilement pu être plus limpide : la bataille du leadership à l'UMP est lancée. Et ce avant même les législatives.
Visant implicitement Jean-François Copé, l'ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy, n'a pas caché son ambition : "Je prendrai toute ma part, avec d'autres, à cette compétition".
Fillon brigue la tête du parti
Selon lui, le rôle du futur dirigeant de l'UMP "sera de rassembler, construire un projet, susciter un espoir, incarner une alternative". Puis, "la confrontation des idées, ce n’est pas la guerre. Comment désigner un président de l’UMP légitime sans l’onction du suffrage desmilitants ?", a-t-il ajouté.
François Fillon justifie ensuite sa démarche par le "risque" d'éclatement de l'UMP, "aggravé par la défaite présidentielle" et qui le "serait encore plus en cas de mauvais résultats aux législatives", dit-il. Depuis plusieurs mois en effet, le parti se déchire entre les chapelles et les sous-partis - de "La Droite populaire" aux "Humanistes" - qui se sont installés en son sein.
"Il y a aujourd’hui une vraie mise à mal de l’édifice de l’UMP, tel que Alain Juppé et Jacques Chirac l’avait voulu et construit", a récemment expliqué à Europe1.fr Frédéric Dabi, directeur adjoint de l’Ifop. En 2002, "à l’époque de la formation du parti, a-t-il analysé, les deux hommes avaient voulu mettre fin à ‘la droite la plus bête du monde’, celle qui se divise. Ils avaient alors formé un grand parti de droite, comme en Allemagne, qui rassemblait alors toutes les chapelles. Or aujourd’hui, on assiste au mouvement inverse".
François Fillon craint-il que son parti se disloque ? "Il y a toujours un risque, car c’est un mariage récent", a-t-il admis dans l'interview du Figaro. "Le maintien de l’UMP est fondamental", a-t-il insisté. "Il n’est pas possible d’exercer le pouvoir si on n’a pas une formation capable de représenter 30% des électeurs."
Copé : "Fillon n'a aucun soutien réel"
Dans sa quête pour la tête de l'UMP, l'ancien chef du gouvernement de Nicolas Sarkozy peut s'appuyer sur les enquêtes d'opinion. Selon un sondage Ifop réalisé du 10 au 11 mai, il est, en effet, la personnalité préférée des Français (27% contre 13% pour Jean-François Copé) et des sympathisants du parti (42%) pour prendre les rênes de l'UMP.
Dans l'entourage de Jean-François Copé, on fait valoir que ce sont les 250.000 adhérents à jour de cotisations - à mettre au crédit de l'actuel patron - qui priment dans le vote. "Fillon n'a aucun soutien réel", assène même le secrétaire général de l'UMP dans les colonnes du Monde daté du 24 mai. En déplacement en Alsace, il invite l'ex-Premier ministre à ne "se mobiliser que sur les législatives"...
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