François Hollande fait dans la "diabolisation infantile". François Fillon n'a pas mâché ses mots lundi pour défendre le président de la République dont l'action a été fortement critiquée par le candidat socialiste à l'élection présidentielle.
Lors de ses vœux à la presse à Matignon, le Premier ministre a évoqué la formule du député de Corrèze la "France affaiblie, abaissée, abîmée, dégradée" utilisée dans sa lettre aux Français, le 3 janvier. "A écouter François Hollande tout n'est qu'échec, iniquité, désolation, bref notre pays est dans le gouffre", a relevé François Fillon. "Je combats cette maladie, cette sorte de scorpionite, cette autolyse qui consiste à nous envenimer pour mieux croire au mythe du phénix qui renaît de ses cendres", a poursuivi le chef du gouvernement.
"Cette diabolisation est infantile"
"J'ai bien compris qu'il s'agit de passer de l'ombre à la lumière et ce faisant de résumer l'élection présidentielle à la personne de Nicolas Sarkozy accusé d'avoir mis la France au tombeau", a argumenté le Premier ministre. "Cette diabolisation est infantile, mais chacun aura compris son but : éviter de parler du fond, éviter d'élargir le débat aux contraintes du monde et par là même, éviter de placer le socialisme devant ses contradictions", a encore accusé François Fillon.
Le Premier ministre a ensuite mis en doute les convictions du leader socialiste. "Le mot socialisme ne figure pas une seule fois" dans son texte, a insisté le pensionnaire de Matignon. "Cet oubli, volontaire ou non, en dit beaucoup sur l'état intellectuel de la gauche", a ironisé François Fillon.
Un Premier ministre en quasi-campagne
Égratignant encore un peu plus la tribune écrite par "les rédacteurs de la rue de Solférino (siège du PS, ndlr)", le chef du gouvernement a résumé leurs intentions ainsi : "à défaut de programme, est-ce que dix attaques contre Nicolas Sarkozy et cinq messages désespérés sur l'état de la France vous irait ?" "C'est en somme cela, la stratégie actuelle de l'opposition", a-t-il dit.
"Notre bilan n'a ni besoin d'être encensé, ni besoin d'être noirci pour être jugé plus que respectable au regard des crises que nous avons affrontées", a dit le Premier ministre en résumant : "moderniser le pays sans le braquer, le protéger sans le figer, l'équation n'est pas si simple".
Hollande ironise
De son côté, François Hollande a estimé que les critiques de François Fillon montraient qu'il devait "faire peur" au Premier ministre. "Je dois faire peur pour que le Premier ministre (me) consacre quelques minutes de ses voeux aux Français. Il pourrait les rassurer, leur dire 'tout va bien, nous avons dirigé le pays' plutôt que de parler de moi", a ironisé François Hollande sur Canal +. "Mais en disant que la France est en mauvais état, je ne fais que traduire ce que constatent mes compatriotes", a ajouté le député de Corrèze.