Pour tous, ou presque, il prépare l’après Matignon. Dimanche, François Fillon s'est quelque peu démarqué du président, dans un entretien diffusé sur France 2, soulignant notamment que Nicolas Sarkozy n'avait jamais été son "mentor", mais un "allié".
Evidemment, lundi, ses propos ont largement été commentés à droite comme à gauche : les uns y voyant un au revoir, les autres une prise de recul tardive.
"Il est déjà parti depuis longtemps"...
"La vie politique est faite d'une succession de parenthèses", a d’abord estimé, sur Canal+, le ministre de la Défense, Hervé Morin, pour qui il s’agit bien d’un adieu. "Vous exercez une fonction, un mandat, et puis un jour cette fonction, ce mandat s'arrête et vous vous dites qu'il y a une vie après", a encore souligné le président du Nouveau Centre.
Le Premier ministre appartient même au passé, pour Marine Le Pen : "Il est déjà parti depuis longtemps monsieur Fillon. (…) Le corps était là mais la tête était déjà ailleurs depuis bien longtemps. Il ne dirigeait pas le gouvernement, vous voyez bien qu'à chaque fois qu'il intervenait c'était uniquement pour essayer de siffler la fin de la récréation", a assenée la vice-présidente du Front national.
Fillon se démarque sur la forme, "pas sur le fond"
S’agit-il là d’une crise d’adolescence tardive ?, s’est interrogé, pour sa part, le porte-parole du PS, Benoît Hamon ( voir la vidéo ) qui a ironisé : "Fillon s'émancipe à 56 ans... S'il s'émancipait des contenus des politiques, on y verrait là quelque chose de nouveau". Le Premier ministre "dit de manière peut-être plus polie les mêmes choses que Sarkozy", mais "sur le fond, il reste solidaire", et applique "des politiques qui font mal aux Français", a insisté Benoît Hamon.
Mais que François Fillon "s'apprête à partir" ou qu’il cherche "à s'émanciper", le bilan reste le même pour Manuel Valls, député socialiste de l'Essonne. Il faut dire que "jamais un Premier ministre de la Ve République n'a pris aussi peu d'initiatives puisque tout se passe à l'Elysée (...), puisque le président de la République s'occupe de tout". Le président Nicolas Sarkozy doit laisser "le Premier ministre agir et conduire, comme l'indique la Constitution, la politique du gouvernement", a estimé le socialiste.
Fillon dit ne pas se préoccuper des "supputations"
Des conseils ou messages d’adieu qui ne semblent pas troubler le principal intéressé : "Je lis beaucoup de commentaires sur le remaniement et sur mon avenir. Comme vous pouvez le constater, mes préoccupations sont assez éloignées de ces supputations ", a lancé laconiquement le François Fillon, lundi, en marge d'une visite, non annoncée, à l'hôpital militaire de Percy à Clamart, dans les Hauts-de-Seine.