@Fillonfrançois n'est pas François Fillon. Le nouveau compte apparu dimanche après-midi sur le site de micro-blogging Twitter n'est en effet qu'un faux, malgré les apparences et sa mention "officielle". L'information a été confirmée par ledit compte à 14h20 : "@Fillonfrançois est une fausse page Twitter".
Dimanche, Matignon avait confirmé à Europe 1 qu'il ne s'agissait pas du Premier ministre. Le "vrai" François Fillon avait fait une arrivée remarquée sur Twitter le 16 octobre sous le pseudo @fdebeauce.
Alors, qui se cache derrière @Fillonfrançois ? C'est un journaliste italien, Tommaso Debenedetti. L'homme est bien connu en Espagne et en Italie pour avoir emprunté l'identité de plusieurs personnalités, comme le rappelle le blog d'Europe1.fr, Les histoires d'@.
Il gèle le Smic espagnol et invite Murdoch
Récemment, le journaliste a admis être l'instigateur - il se définit lui-même comme ça - de plusieurs comptes "officiels" d'hommes politiques espagnols et italiens. Le nouveau président du Conseil italien Mario Monti ? C'est lui. Le ministre de l'Economie espagnol Luis de Guindos ? Encore lui.
Via le compte @presMarioMonti, il a invité Rupert Murdoch à venir en Italie pour proposer des solutions à la crise. Avec @deguindosluis, il a carrément annoncé le 28 décembre que le Smic espagnol serait gelé à 641,4 euros. Cinq jours plus tard, il expliquait que le déficit du pays "pourrait être de 8,5% ou plus"… avant d'inviter à son tour le magnat de la presse australien à apporter des idées pour juguler la crise.
Trahi par ses abonnements
Plusieurs indices laissaient supposer que c'est bien Tommaso Dibenedetti qui se cache sous @Fillonfrançois. Après son tweet de bienvenue, le faux François Fillon a annoncé l'arrivée en France de la taxe Tobin dans un français étonnement chancelant pour un Premier ministre. "Je confirme l'intention du gouvernement d'instaurer la taxe Tobin déjà à la fin du mois de janvier".
Autre fait troublant, les personnes que suit @Fillonfrançois. Outre la presse politique (Libération, Le Figaro, France-Soir, AFP, etc.) et quelques ministres (Pécresse, Bertrand, Besson) le faux Premier ministre est abonné aux faux comptes de Luis de Guindos et Mario Monti, eux-mêmes créés par Tommaso Debenedetti.
Par ailleurs, @Fillonfrançois suit les tweets de Miguel Mora, le correspondant espagnol en France d'El Pais, l'un des journaux pour lequel pige Tommaso Debenedetti.
Régulièrement sollicité par la presse, le journaliste Italien n'a jamais souhaité répondre au sujet de ces faux comptes. Il n'a pas non plus donné suite aux questions d'Europe1.fr.
"Combattre un système"
Avant d'opérer sur Twitter, Tommaso Debenedetti s'était fait remarquer en publiant de fausses interviews de personnalités dans le dos de ses responsables. Dans sa bouche, les réponses étaient croustillantes.
Ainsi, Jean-Marie-Gustave Le Clézio, prix Nobel français de Littérature, lui aurait déclaré être contre l'interdiction du port de la burqa dans les lieux publics, ce que sa femme a démenti, rappelle The New Yorker. Philip Roth, lui-même pastiché par le journaliste, avait découvert le pot-aux-roses dans une autre interview.
Démasqué Tommaso Debenedetti a justifié ses fausses interviews par sa volonté de combattre "un système". "J'ai voulu être un journaliste honnête, mais en Italie ce n'est pas possible. C'est pour cela que j'ai menti, pour dénoncer cet état de fait", expliquait-il en juin 2010.