Fioraso veut renvoyer les présidents d'université... à l'école

Geneviève Fioraso, la ministre de l’Enseignement supérieur, invite les présidents d’université et leurs administrateurs à aller prendre des cours de budget à l'ENA.
Geneviève Fioraso, la ministre de l’Enseignement supérieur, invite les présidents d’université et leurs administrateurs à aller prendre des cours de budget à l'ENA. © MaxPPP
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GROGNE - La ministre de l’Enseignement supérieur veut envoyer à l'Ena ceux dont le budget est mal géré.

L'objet du conflit. Les dirigeants des universités françaises ont-ils besoin d'une petite remise à niveau? Certains, oui, selon Geneviève Fioraso. La ministre de l’Enseignement supérieur a en effet décidé d'inviter les présidents d’université et leurs administrateurs - qui le souhaitent - à aller prendre des cours à l'Ena. Comme le raconte Challenges, elle est en train de "concocter une formation sur mesure pour apprendre à préparer et exécuter … un budget". Et tous ne sont pas prêts à ressortir cahiers et stylos avec le sourire. Décryptage.

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Des présidents en première ligne. La gestion des budgets revient entièrement aux présidents, en tout cas depuis la Loi de rénovation de l'université (LRU) de 2007. Et ces derniers ne maitrisent pas toujours bien la situation. Les comptes financiers d’une vingtaine d'universités françaises ont en effet viré dans le rouge. "Les équipes administratives sont souvent incapables d’avoir une gestion prévisionnelle des effectifs, encore moins de faire des projections à moyen terme de la masse salariale. Une cécité qui a conduit à des dérives dommageables", assène Challenges. Et de poursuivre : "beaucoup d’entre elles ont profité de cette transition pour embaucher à tour de bras, augmenter l’enveloppe des primes et ouvrir de nouvelles licences et masters".

Versailles, la goutte d'eau. C'est le cas de l'université de Versailles Saint-Quentin qui a achevé de convaincre Geneviève Fioraso de prendre des mesures. Disposant pourtant d'un budget conséquent (144 millions d'euros annuels pour 15.000 étudiants), l'établissement vient de se retrouver en cessation de paiement, obligeant l'Etat à intervenir pour renflouer les comptes. "Il n’est pas question de favoriser les mauvais élèves en leur donnant plus" d'argent, explique Geneviève, évoquant "une politique qui n’était pas soutenable en termes de dépenses avec des prévisions irréalistes, voire insincères".

Les présidents veulent sécher. Même s'il n'y a rien d'incitatif dans la proposition de Geneviève Fioraso, beaucoup de présidents n'ont pas apprécié que l'on remette en cause leurs compétences. "Les erreurs se comptent sur les doigts d’une mains. Jeter l’opprobre sur l’ensemble de la communauté n’est pas acceptable", déplore ainsi Rachid El Guerjouma, président de l’université du Maine (Le Mans - Laval), cité par Le Figaro. "En quoi proposer une formation à l’Ena serait une solution? Car le problème pour les présidents d’université est de gérer leurs établissements avec des recettes bloquées et des dépenses qui augmentent", renchérit-il.

Pour d'autres, ce n'est pas le principe d'une formation qui dérange… mais plutôt le choix de l'Ena. "J’aurais préféré qu’une telle formation soit proposée à l’université", confie au journal Jean-Loup Salzmann, le président de la conférence des présidents d’université (CPU). Anne Fraïsse, présidente de Montpellier III, estime pour sa part que "pour se former, rien ne vaut le terrain". Et de conclure, taquine : "j'espère que la ministre viendra suivre cette formation avec nous".