François Hollande, candidat PS à l'Elysée, a détaillé lundi soir sur TF1 son projet - ses "60 engagements", en l'assortissant de plusieurs annonces, comme un taux d'imposition à "75%" pour les revenus "au-dessus d'un million d'euros par an". Au même moment sur France 2, Jérôme Cahuzac, président de la commission des finances de l'Assemblée nationale, en charge du budget dans l'équipe de François Hollande, semblait ne pas avoir entendu parler de cette nouvelle mesure fiscale.
Visiblement pris de court, le PS a toutefois défendu mardi une mesure "juste", faisant bloc derrière le candidat socialiste. François Hollande, lui, a fait valoir mardi que d'accepter ce taux d'imposition à 75% revenait à faire preuve de "patriotisme", rejetant au passage l'idée d'un couac au sein de son équipe. Mais à l’UMP, on se frotte déjà les mains.
"Monsieur Hollande devrait réfléchir"
Nicolas Sarkozy a dénoncé mardi "une impression d'amateurisme assez consternante", a déclaré le président-candidat, au cours d'un déplacement à Montpellier sur le thème de l'Education. "Où est l'Europe où est la convergence, quel est le sens d'une proposition comme ça ?", a-t-il dit.
Plus tôt dans la journée, plusieurs ténors de l'UMP sont également montés au créneau pour fustiger la proposition socialiste. "Hollande veut qu'il y ait moins de riches. Sarkozy veut qu'il y ait moins de pauvres", a ainsi taclé Luc Chatel sur Europe 1. Pour le ministre de l’Education nationale, "on est toujours dans l'improvisation permanente avec François Hollande, y compris chez ses propres amis", a-t-il commenté.
"Monsieur Hollande devrait réfléchir", a pour sa part raillé Gérard Longuet. Habitué aux petites phrases assassines, le ministre de la Défense a estimé qu’une telle mesure concernerait une "infime minorité" et "peut décourager beaucoup". Le ministre de la Défense a part ailleurs estimé qu’une telle mesure concernerait une "infime minorité" et "peut décourager beaucoup". Enfin, le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé voit dans la proposition de François Hollande "une fuite en avant fiscale, de la confiscation fiscale".
"Le déconnomètre fonctionne à plein tube"
Stupéfaction également au centre. Egratigné par François Hollande dans son livre de campagne ("en le lisant, je suis saisi par la peur du vide", NLDR), le candidat du MoDem, François Bayrou n'a pas manqué d'ironiser sur la proposition du socialiste. "Je crois que c'est (le scénariste Michel) Audiard, qui avait une phrase un peu rude : le déconomètre fonctionne à plein tube", a raillé le député béarnais.
A ses yeux, François Hollande a pris cette initiative "simplement parce qu'il faut aller à une émission, et dans une émission il faut annoncer quelque chose de nouveau". C'est "la méthode Sarkozy". "Ils se ressemblent dans cette manière de faire des annonces sans qu'elles soient réfléchies, qu'elles correspondent à une vision ou une logique", a conclu le centriste.
De son côté, la candidate du Front national à la présidentielle, Marine Le Pen, a jugé mardi "complètement absurde et idéologique" la proposition de François Hollande. "Ce n'est pas de la politique ça, c'est un coup médiatique en réalité", a réagi la patronne du FN. "Et pourquoi pas 100% ?", a-t-elle aussi demandé.
Le Front de gauche déçu
Du côté du Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon, la proposition du candidat socialiste n'est pas non plus accueillie avec ferveur, mais pour d'autres raisons. C'est "une intention louable de chercher les très hauts revenus", mais "ça reste loin du compte par rapport à la réforme fiscale que nous proposons" (au-dessus de 360.000 euros de revenus annuels, taxation à 100%, ndlr), a affirmé Olivier Dartigolles (PCF) lors d'un point de presse de campagne au siège du FG, y voyant un "effet d'annonce"."Cette proposition ne visera que les patrons du CAC 40 et les grands sportifs", a-t-il ajouté.