Le contexte. Jeudi, l’industriel Mittal a signifié à a Commission européenne qu’il abandonnait le projet de sidérurgie propre Ulcos. Un projet sur lequel les salariés fondaient beaucoup d’espoir. Comme le gouvernement.
L’appel. Jeudi, Edouard Martin, l’emblématique délégué syndical CFDT de Florange, a lancé un appel empreint d’émotion et de colère à François Hollande. "On vous en appelle solennellement, M. le président de la République. Reprenez le dossier en main, dites à Mittal, ‘ça suffit, dehors’", a lancé Edouard Martin face caméra. "Vous attendez quoi ? Qu’il y ait un malheur ici ? Eh bien nous, nous allons être votre malheur, si vous ne cessez pas ce mensonge, cette tromperie. Et c’est une promesse. Et nous nous avons l’habitude de les tenir, nos promesses !"
La réponse. Jeudi soir, François Hollande est monté au créneau pour tenter de calmer les esprits. "Le gouvernement a pris des décisions, elles ne sont jamais faciles, ce sont des décisions courageuses qui permettent d'éviter un plan social à Florange, d'obliger l'actuel industriel Mittal à faire des investissements qui n'ont que trop tardé et à engager un plan Ulcos qui doit permettre qu'il y ait un avenir pour la filière chaude", a déclaré le chef de l’Etat en marge d'un déplacement à Emmaüs. "Je peux dire ici que ces engagements seront tenus et j'en serai, avec le gouvernement, le garant".
>>> Voici pourquoi, outre ce très médiatique appel, François Hollande est désormais en première ligne sur le dossier Florange.
Parce qu’il s’était engagé. Le 24 février 2012, le candidat Hollande avait fait une visite très remarquée sur le site de Florange. Juchée sur le toit d’une camionnette, il avait promis des lendemains qui chantent. "Quand une grande firme ne veut plus d’une unité de production, elle sera obligée de la céder à un repreneur", avait prévenu le futur président de la République. Dix mois plus tard, Mittal n’a été obligé de céder sur rien.
Et les salariés de Florange ne se privent pas d’évoquer la rencontre. "M. le président, souvenez-vous du 24 février 2012. Souvenez-vous de ce que vous êtres venus nous dire. Est-ce que vous êtes tranquille avec votre conscience ?", a ainsi lancé Edouard Martin.
Pour corriger une communication calamiteuse... Une semaine après l’annonce d’un accord par Jean-Marc Ayrault, le bilan de la séquence en termes de communciation est catastrophique. Les syndicats occupent les hauts fourneaux et la droite dénonce un accord de dupes. Surtout, la gauche du PS s’indigne de voir gouvernement plier face à l’industriel et renoncer à la nationalisation. C’est sans doute vers eux que l’effort d’explication est désormais le plus important. Et la clarification doit nécessairement venir de tout en haut.
…Et venir en aide à Jean-Marc Ayrault. Visiblement tendu, Jean-Marc Ayrault a plusieurs fois buté sur les mots jeudi soir au moment d’évoquer Florange au Sénat. Sur ce dossier, le Premier ministre n’en finit plus d’être en difficulté. Il a d’abord dû faire amende honorable après avoir désavoué Arnaud Montebourg, et fait désormais face à la défiance du groupe PS à l’Assemblée. Alors à l’Elysée, on assure de la bienveillance du chef de l’Etat et on martèle que le Premier ministre fait ce qu’on lui a demandé de faire. A savoir éviter un plan social, sauvegarder les 628 emplois concernés et promouvoir la solution Ulcos pour une sidérurgie propre.
Dans son édito politique, Caroline Roux souligne l’inconfort de la position de François Hollande :
Et maintenant, attendre. La situation politique est bel et bien explosive. Mais pour l’instant, l’Elysée balaie le risque d’un revers de la main. "On sera jugés quand on saura si Florange a été sauvé ou pas, dan deux ou trois ans", veut croire un intime de François Hollande.