Arnaud Montebourg ne semble toujours pas avoir avalé la pilule Florange. Une semaine après avoir été désavoué par Matignon et menacé de démissionner, l'amertume du ministre du Redressement productif se fait toujours ressentir. "Je laisse le Premier Ministre s'en débrouiller, c'est son sujet maintenant", aurait-il répondu lundi à plusieurs journalistes dont la correspondante d'Europe 1, en marge d'un conseil des ministres de l'Industrie, à Bruxelles.
Montebourg sur Florange : "je laisse le premier ministre Ayrault s'en débrouiller. C'est son dossier, maintenant.."— isabelle ory (@isabelleory) December 10, 2012
Le bouillant ministre aurait même ajouté : "le socialisme s'est laissé coloniser par le reaganisme", courant inspiré de l'ancien président des Etats-Unis du début des années 80, dont le nom rime avec ultralibéralisme et mort de l'Etat providence… soit l'exact opposé du socialisme.
Montebourg "Les nationalisations temporaires, c'est inéluctable, tous les pays vont en faire" #florange— isabelle ory (@isabelleory) December 10, 2012
"C’est un sujet qui m’est interdit"
Vendredi dernier, le ministre du Redressement productif avait déjà troqué sa marinière contre une muselière au sujet de Florange. "Je ne parle pas de l’acier, c’est un sujet qui m’est interdit depuis quelques heures", avait-il lâché lors d'une conférence sur le Maghreb, interrogé par Challenges. "Comme dit Euripide : Parle si tu as des choses plus intéressantes à dire que le silence, sinon garde le silence", avait-il déclaré un peu plus tôt à l'AFP.
Qu'est-ce qui peut bien rendre le ministre du Redressement productif si rancunier ? Rappelez-vous : nous sommes le vendredi 30 novembre. Alors qu'Arnaud Montebourg monte au front depuis des mois face à ArcelorMittal, qu'il menace de nationaliser Florange et assure qu'un repreneur a été trouvé, le Premier ministre prend la parole pour écarter l'idée de nationalisation, la décrédibiliser en direct et soutenir "qu'il n'existe aucun repreneur crédible".
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Camouflet pour Arnaud Montebourg, qui menace de démissionner dès le lendemain, avant de se rétracter face à l'insistance de François Hollande. Le ministre du Redressement productif et Jean-Marc Ayrault auront même "un échange très houleux" par téléphone, d'après les dires du journal Libération. Et depuis silence radio. Tout juste Arnaud Montebourg confie vendredi dernier qu'il "pense au salarié" de Florange. L'éloquent ministre gardera-t-il sa muselière longtemps?
Toujours chantre de la démondialisation
Sur Florange, peut-être. Mais le chantre de la démondialisation a déjà d'autres cibles. L'Europe "libérale", d'abord, dont il est venu défendre le changement lundi à Bruxelles, ne perdant rien de son mordant. "Depuis trente ans, les consommateurs font la loi en Europe et le résultat est un désastre. Moi, je défends les producteurs. L'UE est la seule à ne pas se défendre de la concurrence déloyale. Nous sommes devenus les idiots du village global", a-t-il lancé lundi.
L'OMC ensuite, qu'il continuer de "charger" pour prouver qu'il garde ses convictions malgré les camouflets. "Nous sommes les mêmes perdants de la mondialisation. L’OMC a ouvert la concurrence de tous et sur tout, dans le monde. Cela crée des tensions considérables", taclait-il ainsi vendredi devant des hommes d’affaires algériens, tunisiens et marocains. Et si cette attitude lui réussissait? D'après un sondage CSA pour BFMTV par jeudi dernier, 48% des Français souhaitent ainsi que le ministre du Redressement productif reste au sein du gouvernement, contre seulement 36% qui y sont opposés.