"Français de souche", l'expression appartient plutôt au registre de l'extrême droite. Et pourtant, François Hollande l'a employée lundi, dans son discours au dîner du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). Dénonçant l'antisémitisme, le chef de l'Etat a évoqué sa visite au cimetière juif de Sarre-Union, dans le Bas-Rhin, la semaine dernière. Un cimetière "dévasté par de jeunes lycéens, Français de souche comme on dit, ignorants au point de ne pas avoir vu les écritures en Hébreux dans ce cimetière, inconscients pour ne pas avoir remarqué les étoiles de David mais à ce point intolérant pour renverser le monument dédié aux victimes de la Shoah", a déclaré le président.
Des propos épinglés par le député UMP Thierry Mariani sur Twitter. Pour lui, si Nicolas Sarkozy employait l'expression "Français de souche", "il serait la cible de tous les antiracistes mondains".
Si #Sarkozy avait osé dire"Français de souche",comme hier Hollande au diner du #CRIF, il serait la cible de tous les antiracistes mondains— Thierry MARIANI ن (@ThierryMARIANI) February 24, 2015
Filippetti critique. Autre coup de griffe, celui d'Aurélie Filippetti. Dans un tweet, l'ex-ministre de la Culture de François Hollande qualifie de "faute" l'emploi de cette expression. Et reprend une phrase attribuée à Albert Camus : "mal nommer les choses c'est ajouter au malheur du monde".
"Français de souche" : plus qu'une maladresse, une faute. Camus: "Mal nommer les choses c'est ajouter au malheur du monde"— Aurélie Filippetti (@aurelifil) February 24, 2015
La présidente des Jeunes socialistes, Laura Slimani, a elle aussi épinglé cette phrase.
Arriver à un tel niveau de brouillage intellectuel est sidérant, tous enfants de la République, point barre. #francaisdesouche#CRIF— Laura Slimani (@LauraSlimani) February 24, 2015
"Il y avait des guillemets". Interrogé mardi matin sur BFMTV, Bruno Le Roux, le patron des députés PS, a défendu François Hollande. "Il y avait des guillemets que l'on ne voit pas dans un discours", a-t-il argué, assurant que si le chef de l'Etat avait employé ces termes, c'était pour mieux les condamner. "Je récuse, tout comme François Hollande, cette expression de Français de souche, qui a été utilisée là pour montrer qu'il y a aujourd'hui, dans notre pays, un vocabulaire autour de cette expression. Je ne partage pas cette expression difficile à définir d'ailleurs", a-t-il expliqué.
Quand Royal parlait des "Français de feuillage et de branchage". Petit souvenir : en mars 2007, Ségolène Royal, alors candidate socialiste à l'élection présidentielle, condamnait l'expression "Français de souche" par une phrase imagée. "Nous sommes tous des citoyens à égalité de droits et de devoirs, il n'y a pas les Français de souche et les Français de feuillage et de branchage", ironisait celle qui est aujourd'hui ministre de... François Hollande.
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