Aujourd’hui adversaire déclaré du "système", François Bayrou a pourtant bâti sa longue carrière politique en son sein. Elu chez lui dans les Pyrénées-Atlantiques, il n’a jamais oublié de cultiver son ancrage local. Il est entré à l’Assemblée nationale à l’âge de 35 ans et devenu ministre de l’Education nationale sept ans plus tard. Il a survécu à la guerre Chirac-Balladur mais n’en gardera pas moins une image d’homme de droite.
En 2002, pourtant, il a refusé de fondre l’UDF dans l’UMP naissante. Sa candidature à la présidentielle fut un échec, puisqu’il a remporté moins de 7% des voix. En 2007, en revanche, il s’est imposé comme le véritable troisième homme. Mais après le premier tour de l’élection présidentielle, l’UDF a implosé, signant pour François Bayrou le début d’une traversée du désert. Le Béarnais, désormais à la tête du MoDem, a pourtant tenu bon. Les sondages plus favorables et les ralliements de personnalités centristes qui se sont accumulés au début de l’année semblent prouver que François Bayrou a en partie réussi son pari d’incarner un centre absolu, équidistant de la droite et de la gauche.
SES DEBUTS
C’est d’abord l’action non-violente qui motive son engagement. Il fait partie, comme José Bové, des disciples de Lanza del Vasto, un philosophe italien qui a fondé les communautés de l’Arche en 1948. Catholique fervent, il s’est rapproché à 20 ans de la démocratie chrétienne. Il effectue son premier passage à la télévision en 1985, alors qu’il est conseiller général UDF.
SON MENTOR
François Bayrou est entré en politique en rejoignant Jean Lecanuet et son Centre démocrate. Figure du Mouvement républicain populaire, Lecanuet incarna la démocratie chrétienne face au Général de Gaulle, notamment lors de la présidentielle de 1965. Jean Lecanuet a également présidé l’UDF, dans laquelle s’est fondu son parti en 1978, qui était devenu le Centre des démocrates sociaux. A la tête du parti centriste jusqu’en 1988, Jean Lecanuet accompagnera l’ascension de François Bayrou.
SON HEURE DE GLOIRE
Le 2 septembre 2006, sur TF1, François Bayrou s’offre un coup d’éclat qui le situe clairement comme un adversaire de Nicolas Sarkozy. Il attaque au passage frontalement les médias. "Je considère que l’argent et la politique doivent être séparés, (...) notamment lorsque ces puissances économiques détiennent de très grands médias", lance-t-il. Sept mois plus tard, cette posture d’outsider aura propulsé François Bayrou en position d’arbitre du second tour de l’élection présidentielle.
SON PIRE MOMENT
Le 16 mars 2008, au second tour des élections municipales, la mairie de Pau échappe de peu au patron du MoDem. Au-delà de l’échec personnel de François Bayrou, qui fuit dans un premier temps la presse, les piètres performances du MoDem au niveau national témoignent de sa mauvaise santé politique.
SON GIMMICK
Pas question pour François Bayrou d’emprunter au Front national son "UMPS", sigle fictif censé désigner la collusion des deux partis majoritaires, PS et UMP. Le Béarnais a donc trouvé une autre formule pour désigner les deux grandes forces politiques du pays : les PPP, ou "partis provisoirement principaux".
SON CHEVAL DE BATAILLE
Le Béarnais peut se targuer d’avoir fait de la réduction des déficits et de la dette une de ses priorités en 2007, alors que le sujet n’était pas encore à la mode. Il ne se prive d’ailleurs pas de le rappeler.