Il est de gauche des deux côtés du Channel. A peine arrivé à la gare de St Pancras à Londres, François Hollande a tenu à rappeler qu'il restait fidèle à lui-même. "C’est François Hollande qui arrive. Il n’y en a qu’un, qui dit la même chose aux uns et aux autres", a insisté le candidat socialiste à l'élection présidentielle.
Mais François Hollande l'a aussi affirmé : il n'est pas "dangerous", dangereux en français dans le texte. Il a ainsi tenu à tordre le cou à l'image d'ennemi de la finance qui lui colle à la peau depuis le discours du Bourget.
Cette visite au pays du "fish and chips" a également pour but de préparer une nouvelle impulsion à l'Europe en cas de victoire en mai. "Je prépare (...) avec les dirigeants de l'opposition, ce que nous pouvons faire ensemble, les progressistes européens", a affirmé l'aspirant à la présidence avant un déjeuner avec le chef de l'opposition travailliste Ed Miliband et des membres du Shadow cabinet. "Ce n'est pas le gouvernement que je viens rencontrer, c'est les dirigeants travaillistes avec lesquels j'ai des relations depuis longtemps et avec lesquels un jour peut être (...) nous aurons à réorienter l'Europe," a-t-il ajouté.
"Le même objectif de justice sociale"
"Nous nous ne voulons pas taxer à plus de 50% mais le plus important, c’est que nous partageons le même objectif de justice sociale", a souligné Ed Miliband, lors d'une conférence de presse commune.
Regrette-t-il de ne pas rencontrer le Premier ministre, le conservateur David Cameron ? "Non, parce que je n'avais pas fait la demande. Aujourd'hui, je pense que j'avais à discuter d'abord avec les amis travaillistes. Et puis un jour, peut-être proche, si j'arrive à convaincre les Français le 6 mai, j'aurai à rencontrer Monsieur Cameron", a confié François Hollande.
Parler aux Français de Londres
Autre but de cette visite, "s'adresser aux Français ici à Londres". François Hollande a affirmé que ces expatriés attendent "le changement aussi, ils veulent un changement en France et en Europe". "Ici, la finance, ils la connaissent bien les Français, qui parfois y travaillent, ils savent qu'elle n'est pas régulée, ils ont la volonté d'avoir une finance au service de l'économie réelle", a-t-il ajouté pour souligner le besoin de "régulation".
En 2007, Nicolas Sarkozy avait battu Ségolène Royal de quelques voix seulement à Londres, rappelle Philippe Marlière, professeur de science politique à University College London, dans une interview accordée à The Guardian. "Aujourd'hui, on ne peut plus dire que Londres est la ville où les gens riches votent pour des partis de droite. Je pense réellement que la prochaine élection est très ouverte", conclut Philippe Marlière.