L’INFO. Pendant que François Hollande dîne sous les ors de la Maison Blanche avec Barack Obama, Jean-Marc Ayrault, lui, est resté à Paris pour contenir la grogne de sa majorité. Bien qu'il gère les dossiers épineux, le climat est de nouveau tendu entre les deux hommes, ce que raconte Caroline Roux, éditorialiste politique d’Europe 1.
Ayrault "est KO debout". Il y a des signes qui ne trompent pas : dans l’entourage des deux têtes de l’exécutif, on se toise. "L’ambiance entre les cabinets est glaciale", confirme un des poids lourds de la majorité. A Matignon, les collaborateurs de Jean-Marc Ayrault ont du mal à digérer l’interventionnisme du chef de l’Etat et notamment la mise au placard de la "grande réforme fiscale" de leur patron : "à l’Elysée ils sont bien gentils, mais le pouvoir c’est nous. Les ministères, c’est nous". Jean-Marc Ayrault n’a pas apprécié non plus : "depuis une quinzaine de jours, il est KO debout", confie un ténor du Parti socialiste.
Lundi se tenait un séminaire du PS sur le pacte de responsabilité cher à François Hollande. Selon un participant, Jean-Marc Ayrault y a fait "le service minimum". Certes, le Premier ministre, dans le fond, approuve l’orientation du chef de l’Etat. Mais un socialiste précise que Jean-Marc Ayrault aurait aimé "un rapport de force plus clair avec le Medef". Un de ses adversaires se frotte déjà les mains : "il avait une visibilité sur son avenir, il n’en a plus. On reparlera de remaniement bientôt".
Ayrault "entre le marteau est l’enclume". Entre François Hollande et Jean-Marc Ayrault, c’est sur la forme que ça ne va plus. Sur la question des 50 milliards d’euros à économiser dans le budget de l'Etat par exemple, le premier a pris la main en présidant le conseil stratégique de la dépense publique. Le second est donc "entre le marteau est l’enclume", résume un ministre. Si, par exemple, il cherche des marges de manœuvre dans tel ou tel ministère, il se heurtera à chaque fois aux promesses présidentielles. Difficile dans ce cadre là de rendre des arbitrages, ce qui est pourtant une prérogative du Premier ministre…
Histoire de reprendre un peu la main, Jean-Marc Ayrault a décidé de se déporter, mardi, sur un sujet que ne porte pas le président : l’intégration. Ou comment retrouver un peu d’air et de liberté. Un bon moyen, aussi, de gêner l’encombrant Manuel Valls, plus que jamais postulant pour le remplacer.
ZOOM - Ayrault relance la question de l’intégration
RÉORGANISATION - Les chaises musicales dans la com' de Hollande