Deux heures et demie de débat, et à la fin, un merveilleux exercice d'équilibriste comme le Parti socialiste en a le secret. Le bureau national du PS s'est réuni mardi pour la première fois depuis l'épisode du 49-3. Le week-end dernier, l'exécutif et les hiérarques du parti avaient multiplié les coups de menton aux frondeurs, accusés d'avoir fracturé la majorité sur un texte phare du gouvernement. Mais sans surprise, aucune sanction n'a été adoptée contre les députés récalcitrants.
Dernier avertissement. La résolution adoptée par le bureau national ménage la chèvre et le chou. Certes, le ton adopté est grave. "Le manque de respect, de fraternité ou tout simplement de camaraderie a atteint un niveau intolérable", constate le texte, qui fait état d'un "climat de division à gauche jamais vu". La résolution rappelle que selon les statuts du PS, les parlementaires "doivent respecter la règle de l'unité de vote de leur groupe", sous peine de sanctions. Un rappel en forme de dernier avertissement. La résolution annonce d'ailleurs que le bureau national "donnera maintenant ses consignes sur les textes après audition du Gouvernement".
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Tacle au gouvernement. Mais le texte se montre aussi critique envers l'exécutif, en estimant que le PS n'a pas été assez écouté lors de l'examen de la loi Macron. Selon le bureau national, son mémorandum adressé gouvernement à l'automne, dans lequel il préconisait par exemple le chiffre de sept dimanches ouverts au commerce, contre 12 dans le projet de loi, "n'a pas été étudié comme il aurait dû" et "doit l'être en seconde lecture".
Cambadélis l'équilibriste. Avec son art consommé de la synthèse, cette résolution a eu le mérite de mettre tout le monde d'accord : le texte a été adopté avec 29 voix pour, 9 abstentions, et aucun vote contre. Pour le premier secrétaire, Jean-Christophe Cambadélis, le contrat est rempli : rappeler à l'ordre les frondeurs hostiles à l'exécutif, sans se mettre à dos l'aile gauche du PS, alors qu'il brigue sa propre succession au congrès de juin. "J'ai privilégié le chemin du rassemblement, je suis contre la fragmentation", a-t-il expliqué à la presse après la réunion du bureau national.
Ne pas polluer la campagne électorale. A la sortie, chacun voit ce qui l'arrange. Un frondeur salue le tacle adressé au gouvernement. Un député constate que les frondeurs n'ont pas intérêt à récidiver. En réalité, l'enjeu primordial était de calmer la tension : creuser encore les plaies serait du plus mauvais effet, à un mois des élections départementales. "On oublie ça jusqu'au 30 mars", glisse un proche de Valls. Rendez-vous dans quatre mois au congrès de Poitiers.
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