Une réforme de la garde à vue, certes, à condition de respecter le travail des forces de police. C’est en substance le message délivré par le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux à sa collègue de la Justice Michèle Alliot-Marie, samedi, sur Europe 1.
"La Garde des Sceaux a la responsabilité de cette réforme" a rappelé Brice Hortefeux. "Je suis prêt à l’accompagner à la condition que les policiers et les gendarmes ne soient pas encore une fois les boucs émissaires. En clair, qu’ils ne soient pas pris en étau entre les juges et les avocats", a conclu le ministre.
"Il y a un débat nécessaire" sur la garde à vue, a-t-il précisé, jugeant cependant qu’il voulait mettre en garde "contre les fausses idées". "Faut-il une réflexion ? Faut-il réfléchir ? Faut-il réformer ?" s’ est interrogé Brice Hortefeux. Moi je dis oui, tout ceci est possible et peut être nécessaire. A condition que les policiers et gendarmes ne deviennent pas des boucs-émissaires. Je trouve aujourd’hui qu’il y a, dans la présentation qui est faite de la garde à vue une tendance à les stigmatiser".
Concertation et dialogue
Le ministre ne s’est pas privé de rappeler que la garde à vue est strictement encadrée par la loi et qu’elle s’exécute sous le contrôle des magistrats, renvoyant ainsi le débat à l'autorité judiciaire. Sur la proposition de Michèle Alliot-Marie de limiter la garde à vue aux infractions seulement passibles de prison, Brice Hortefeux demande une "concertation et un dialogue" avec la Garde des Sceaux. "Concernant les modalités et le périmètre de cette réforme, je dois naturellement en discuter avec mes interlocuteurs, notamment les organisations syndicales", a-t-il expliqué.
Par ailleurs, dans un entretien au Journal du Dimanche, Brice Hortefeux s’est défendu de toute pression des chiffres. "Je n'ai jamais fixé le moindre objectif chiffré de gardes à vue", a-t-il précisé en soulignant également que "dès 2010, dans le nouveau tableau de bord de la sécurité, le nombre de gardes à vue ne figurera même plus comme simple information de l'activité des services".