Faire preuve de fermeté. Et faire un exemple. Selon Le Parisien de mardi, le gouvernement réfléchit à la possibilité de dissoudre Génération identitaire, la branche "jeunesse" du Bloc identitaire.
Pourquoi ? Samedi dernier, 73 membres de ce groupuscule d’extrême droite ont occupé le chantier de la mosquée de Poitiers. Une banderole portant la mention "732, Génération identitaire ", en référence à l'année où Charles Martel arrêta l'avancée des troupes musulmanes au nord de Poitiers, a été déployée sur le toit de l’édifice religieux.
Le Conseil français du culte musulman a dénoncé une "nouvelle escalade" dans l'islamophobie et le Parti socialiste et le Parti communiste ont demandé la dissolution de ce groupe. Dans les rangs du gouvernement, on admet qu’il "faut être attentif à ces identitaires et lutter contre leurs agissements", selon les propos de Manuel Valls au Parisien. "Une étude juridique est en cours", a ajouté le ministre de l’Intérieur.
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Comment ? La loi du 10 janvier 1936, amendée par la loi Pleven de 1972 relative à la lutte contre le terrorisme, permet au chef de l’Etat d'ordonner, directement et immédiatement, la dissolution d'un groupe. Plusieurs motifs sont invocables pour le président : idéologie de haine, de violence ou de discrimination envers un groupe ethnique, une nation ou une religion. Dès lors qu’il estime qu’une de ces conditions est remplie, le président de la République, par un simple décret présenté en conseil des ministres, peut prononcer la dissolution du groupe.
Quel recours ? Conscient que les textes en vigueur mettent en danger son existence-même, le Bloc identitaire avait demandé en septembre l'abrogation de la loi Pleven, estimant que ce texte permet de "bâillonner toute expression de fierté autochtone et de museler toute critique de l'immigration massive et incontrôlée". Il n’a pas obtenu gain de cause. Si François Hollande décidait la dissolution, les Identitairex auront la possibilité de saisir le Conseil d’Etat. La plus haute juridiction administrative du pays devra alors statuer en urgence.
Des précédents ? La loi de 1936, votée sous le gouvernement de Pierre Laval, a permis à l’époque la dissolution de nombre de groupuscules d’extrême-droite, comme l'association des Croix-de-Feu, une ligue d'anciens combattants nationalistes français. Dans les années 50, ce sont les mouvements indépendantistes qui sont dans le viseur du gouvernement, qui met notamment fin au Mouvement démocratique de la rénovation malgache ou à l'Union des Vietnamiens de France. Après Mai-68, les organisations révolutionnaires ont pris leur suite.