Manuel Valls, qui annoncera son nouveau gouvernement mardi après-midi, veut "une armée". La formule est de l'un de ses plus proches. "Pas une armée gauloise où tout le monde se bastonne, mais une armée romaine au cordeau", précise-t-on. Même tonalité à l'Elysée : François Hollande a demandé à Manuel Valls de "composer un gouvernement de clarté sur la ligne, les comportements, la composition et la majorité", a indiqué l'Elysée, quelques heures avant l'annonce officielle des noms.
"On ne veut que des loyaux, des fidèles qui sont prêts à monter au front sans états d'âme, sur la première ligne", précise un conseiller de François Hollande. L'objectif : redonner confiance aux investisseurs, mais surtout aux entreprises et aux Français.
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Matignon veut "des pros". Mais pour former une armée, il faut des soldats. Qui seront les élus ? Sur les profils, l'entourage de Valls se veut très ferme. "Nous voulons des pros, opérationnels tout de suite", dit-on à Matignon, en assurant qu'il s'agit "d'un vrai remaniement, pas seulement de quelques ajustements". Des propos qui font écho au son de cloche entendu avant le remaniement d'avril dernier, lorsque François Hollande promettait dans une allocution télévisée "un gouvernement de combat" ! Une équipe qui n'aura tenu que 147 jours…
Une entrée de Collomb ? En attendant la liste officielle, les rumeurs et pronostics vont bon train. Parmi les noms les plus fréquemment cités, on trouve celui du maire de Lyon, Gérard Collomb (photo), proche de la ligne politique de Manuel Valls. On parle aussi de Bertrand Delanoë, mais l'ancien maire de Paris n'a pas très envie de sortir de sa retraite.
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Pour Bercy, au poste laissé vacant par Arnaud Montebourg, les noms de Louis Gallois, président du conseil de surveillance de PSA, et Pascal Lamy, l'ancien directeur de l'OMC, reviennent sur le tapis. Egalement cité, Emmanuel Macron, ancien conseiller économique de François Hollande, qui a quitté l'Elysée en juillet.
Placé négocie. Du côté d'Europe Ecologie-Les Verts, l'idée d'un retour au gouvernement est dans l'air. Mais en coulisses, le parti met la pression sur les intéressés. Il serait même question d'exclure ceux qui accepteraient la main tendue de Manuel Valls. "Il y a des Verts qui négocient avec le Premier ministre", a confirmé Daniel Cohn-Bendit, mardi matin sur Europe 1. Mais à EELV, la ligne est claire, selon lui : "ce seront des individualités, ils n'iront pas en tant que représentants du parti".
"Jean-Vincent Placé négocie parce que, comme François de Rugy (coprésident du groupe EELV à l'Assemblée, NDLR), il a toujours défendu l'idée qu'il fallait continuer à participer à ce gouvernement", a poursuivi Daniel Cohn-Bendit. La députée Barbara Pompili pourrait, elle aussi, être tentée par une aventure personnelle. Mais pour Daniel Cohn-Bendit, "ils ne pourront entrer au gouvernement que s'ils ont vraiment quelque chose : l'arrêt de Notre-Dame-des-Landes, que la transition énergétique soit vraiment une transition énergétique, avec en perspective l'arrêt de deux ou trois centrales nucléaires".
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Chaises musicales. Des réajustements en interne sont également prévus. Certains secrétaires d'Etat pourraient prendre du galon, comme Thierry Mandon (réforme de l'Etat), Fleur Pellerin (Commerce extérieur) ou Jean-Marie Le Guen (Relations avec le Parlement). Manuel Valls pourrait aussi vouloir faire entrer quelques proches, comme le sénateur Luc Carvounas ou le député Jean-Jacques Urvoas, déjà pressenti pour la Justice au printemps dernier.
Taubira partie pour rester. Reste l'interrogation Christiane Taubira. L'entourage de la Garde des Sceaux a indiqué mardi matin au Monde qu'elle ferait bien partie de la nouvelle équipe de Manuel Valls et devrait conserver son portefeuille. Mais des rumeurs l'envoyaient plutôt succéder à Aurélie Filippetti au ministère de la Culture. Quoi qu'il en soit, le suspense sera levé avant mardi soir. Car comme le précise l'Elysée, la nouvelle équipe se réunira dès mercredi matin pour son premier Conseil des ministres.