Mercredi, on connaîtra le nom des ministres de François Hollande. Avant cela, le président élu a consulté tout le week-end, par téléphone et sms, depuis son appartement de la rue Cauchy dans le 15e arrondissement de Paris. Au cœur du "casse-tête" de la formation de son gouvernement : la parité et la diversité. C’est une promesse qu'il a formulée, le 8 mars dernier, lors de la journée de la femme.
Peut-il tenir son engagement ? Tout le gouvernement est concerné et notamment les 15 grands ministres, maîtres de pôles, ce qui représenterait 7 à 8 femmes. Mais l'engagement ne sera pas facile à tenir. "La parité ? Il faudra bien…", avait même déclaré en "off" le candidat socialiste juste avant le premier tour. "Le plus compliqué avec la parité, ce n’est pas de trouver des femmes mais d’écarter les hommes compétents", expliquait-il. Certains conseillers parlent maintenant du "cauchemar" de la parité. Le casse-tête réside dans le fait qu'il faut nommer des femmes, tout en respectant un équilibre politique, géographique et distribuer des postes à des personnalités incontournables, souvent "trustés" par des hommes.
Dans son parcours politique, François Hollande s’est rarement entouré de femmes. Lors de son premier meeting de la primaire socialiste à Clichy-la-Garenne, le candidat a fait monter une femme du public sur scène pour "féminiser" les images de sa campagne.
Quelle réaction du côté des hommes ? L'entreprise sera difficile au regard des noms régulièrement cités pour les grands ministères : Michel Sapin aux Finances, Jean-Yves Le Drian à la Défense ou bien encore Laurent Fabius au Quai d'Orsay. L'inquiétude est néanmoins palpable du côté des hommes du clan Hollande. "Ça va être un massacre de mecs !", confiait à Europe 1, un haut responsable du Parti socialiste. D'autres tentent de relativiser : "en 2007, Rachida Dati et Rama Yade se sont imposées pendant la campagne de Sarkozy, ce n'est pas le cas des femmes cette année", assure un proche de François Hollande.
Quelles sont les femmes "ministrables" ? Il y a d’abord Martine Aubry, la Première secrétaire du PS ex-numéro deux du gouvernement Jospin, qui était évoquée à Matignon mais celle-ci subit la concurrence de Jean-Marc Ayrault, le patron des députés PS à l'Assemblée nationale. Marisol Touraine (présidente du Conseil général d'Indre-et-Loire) devrait atterrir aux affaires sociales. Aurélie Filippetti (députée de Moselle) est pressentie à la Culture, tandis que les deux "royalistes" Delphine Batho (députée des Deux-Sèvres) et Najat Vallaud-Belkacem (porte-parole de la campagne présidentielle) auront probablement un "maroquin".
Sont également citées : la députée-maire de Rouen Valérie Fourneyron aux Sports, ainsi que Christiane Taubira (PRG) qui a le double avantage d’incarner la parité et la diversité, tout comme Fleur Pellerin (chargé du pôle "société et économie numériques"). La secrétaire nationale d'Europe Ecologie - Les Verts, Cécile Duflot est également pressentie.
Quelle place pour ces femmes ? Le pari de François Hollande ne sera gagné que si les femmes sont nommées à des postes importants. Marisol Touraine est montée au créneau et a lancé un appel pour qu’il y ait des femmes dans les ministères régaliens. Attention à ne pas créer "des Hollandettes", a prévenu par avance Nicole Bricq, la rapporteure générale PS de la commission des Finances du Sénat. "Ça sera pire que les sarkozettes et les juppettes, il y aura 4 ou 5 femmes et encore, pas aux postes les plus importants, sacrifiées sur l'autel de la crise et de l'expérience", prédit de son côté un conseiller.
Et la diversité ? La diversité sera aussi un aspect scruté après l'ère Sarkozy qui avait vu une Rachida Dati nommée à la Justice, Rama Yade aux Droits de l'Homme ou Fadela Amara à la Ville. François Hollande aura plus de difficultés de ce côté-là et devra vraisemblablement piocher chez les hommes. L’un de ses proches, l’eurodéputé de Toulouse, Kader Arif est souvent cité comme ministrable ou pour un secrétaire d’Etat.
Certains ministres pourraient également sortir du gouvernement s’ils sont battus aux législatives d'où la complexité de constituer un "socle dur". François Hollande aura une seconde chance, fin juin, pour rééquilibrer son équipe gouvernementale, avec l’arrivée des communistes.