Ses critiques virulentes l'ont conduit tout droit devant le tribunal. Le député UMP Henri Guaino comparaît mercredi pour avoir accusé le juge Gentil d'avoir "déshonoré la justice" en mettant en examen Nicolas Sarkozy dans l'affaire Bettencourt.
Ce qui lui est reproché. Le 21 mars 2013, l'ancien président de la République se voit signifier sa mise en examen à Bordeaux pour "abus de faiblesse" au préjudice de la milliardaire Liliane Bettencourt. Dès le lendemain et dans les jours qui suivent, l'ancienne plume de Nicolas Sarkozy vole de studio radio en plateau de télévision et s'en prend au juge d'instruction Jean-Michel Gentil. Sur Europe 1 le 22 mars, Henri Guaino estime que le juge a "déshonoré la justice". "Je conteste la manière dont il a fait son travail", lance celui qui fut conseiller spécial à l'Elysée, "je la trouve indigne, je trouve qu'il a déshonoré un homme, les institutions, la justice".
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"Outrage à magistrat". L'Union syndicale des magistrats (USM) fait alors un signalement au parquet de Paris, qui cite Henri Guaino à comparaître devant le tribunal correctionnel pour "outrage à magistrat" et "discrédit jeté sur une décision de justice". Délits respectivement passibles de peines maximales d'un an de prison et 15.000 euros d'amende et six mois d'emprisonnement et 7.500 euros d'amende.
Le juge Gentil choqué. "On a rarement entendu des propos d'une telle violence contre un magistrat qui n'a fait que son travail", estime Rémi Barousse, l'avocat du juge. Ce dernier ne sera pas présent à l'audience car, "discret", il souhaite continuer à le rester et ne veut pas "attiser le spectacle". Le magistrat "s'est senti terriblement agressé", souligne Me Barousse. Le juge a fait l'objet de menaces de mort, a reçu des balles par courrier.
La défense de Guaino. Fidèle à sa position, l'ancien conseiller présidentiel "revendique" les propos qui lui valent procès. "Je n'ai pas un mot à retirer de ce que j'ai dit", explique Henri Guaino. "L'histoire m'a donné entièrement raison", a-t-il ajouté, se référant au non-lieu dont a finalement bénéficié l'ex-président dans ce dossier."Il s'agit de la liberté d'expression de tout le monde et des parlementaires en particulier", a-t-il déclaré.