Claude Guéant fait front dans la tempête. Attaqué pour ses propos sur la "croisade" en Libye, le ministre de l’Intérieur a dénoncé mercredi devant l'Assemblée nationale une "manipulation" à propos de cette polémique.
"Tout simplement on me fait dire ce que je n'ai pas dit", a déclaré Claude Guéant, en réponse à une question du député socialiste Christian Paul. "J'ai dit 'Heureusement, le président a pris la tête de la croisade pour mobiliser le Conseil de sécurité (des Nations unies, ndlr)', et vous traduisez en disant que je prêche la croisade en Libye, voire, j'ai lu cela dans les déclarations de votre première secrétaire (du PS, Martine Aubry), que je prêchais la croisade de l'Occident contre l'Orient. Eh bien, c'est une manipulation", a-t-il fustigé.
"La langue française a évolué"
Pour peaufiner sa défense, le ministre de l’Intérieur a donné une leçon de linguistique. "On fait dire aussi aux mots ce qu'ils ne signifient pas. Depuis le XIIe siècle, la langue française a évolué", a poursuivi Claude Guéant, en invitant le député à "lire le dictionnaire tout simplement". "Quelle est la définition que donne du mot croisade Le Petit Larousse ? C'est une campagne menée pour créer un mouvement d'opinion. Le Petit Robert complète : c'est une tentative pour créer un mouvement d'opinion dans une lutte".
"C'est exactement ce qu'a fait la France, et je crois que les Français ont tout lieu d'être fiers de ce que leur pays, fidèle à ses valeurs, ait empêché un massacre en Libye", a-t-il encore dit.
Lundi, invité du Talk Orange Le Figaro, Claude Guéant avait rendu hommage au rôle de Nicolas Sarkozy pour l'intervention en Libye en affirmant "Heureusement, le président a pris la tête de la croisade pour mobiliser le Conseil de sécurité des Nations unies, et puis la Ligue arabe et l'Union africaine".
"Le président a pris la tête de la croisade" :
Ces propos lui ont immédiatement valu les critiques, notamment, de Martine Aubry et du président du Modem, François Bayrou. Face au début de polémique suscité par cette phrase, le ministre de l’Intérieur avait déjà reconnu mardi que le mot de "croisade" "n'était peut-être pas (…) le plus heureux.
"Ça m'est venu comme ça, alors que je voulais parler de l'action du président pour réunir une majorité au Conseil de sécurité.(...) Si on ne peut plus utiliser les mots courants de la langue française, où va-t-on ?" a-t-il expliqué, selon les informations d'Europe 1
Des dérapages en série
Le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé est également venu à la rescousse de son camarade du gouvernement. Le maire de Bordeaux a qualifié mercredi de "maladresse" l'emploi du mot "croisade" par Claude Guéant, ajoutant que cela "n'a rien à voir avec ce qui se passe" en Libye.
Le premier flic de France n’en est cependant pas à son premier dérapage verbal depuis son arrivée place Beauvau. Le 17 mars, soit trois jours avant le premier tour des cantonales, Claude Guéant avait lâché sur Europe 1 : "les Français, à force d'immigration incontrôlée, ont parfois le sentiment de ne plus être chez eux".
Une plainte de l’association SOS Soutien ô sans papiers a été déposée pour "provocation à la haine, à la discrimination et à la violence" contre le ministre de l'Intérieur.