Claude Guéant, dont la garde à vue sur l'arbitrage controversé dont a bénéficié Bernard Tapie a été levée mercredi a répondu aux questions du Grand Rendez-Vous, sur Europe 1 concernant les interrogations des inspecteurs de police. "Le terme de garde à vue est un peu infamant et stigmatisant, il faut savoir qu'en droit, si on est retenu plus de quatre heures on est forcément en garde à vue", a d'abord tenu à préciser Claude Guéant. L'ancien ministre admet toutefois avoir été "surpris" de voir une vingtaine d'archives qui "appartiennent à Nicolas Sarkozy", lors des ses interrogatoires sur l'affaire Tapie.
"Un scandale d'Etat". "Ils m'ont produit des archives qui appartiennent à Nicolas Sarkozy, données par la présidence actuelle, qui n'étaient pas versées aux archives nationales", assure l'ancien ministre de l'Intérieur. La procédure est selon lui irrégulière, comme il l'a fait savoir aux enquêteurs, précise Claude Guéant. Je suis venu pour parler d'"un scandale d’État". "Nous savons aujourd'hui, qu'il y a au sein de l’État, une organisation qui est faite à coup de violation du secret de l'instruction et de l'enquête et à coup d'instrumentalisation de la justice pour dénigrer et détruire Nicolas Sarkozy et ses principaux collaborateurs", accuse Claude Guéant au micro d'Europe 1.
"Faire diversion". Pour appuyer ses accusations, Claude Guéant met en avant le timing avec lequel est distillé "les pseudos informations, sur des pseudos affaires". "C'est toujours à des moments cruciaux sur un plan politique. Quand il y a besoin de faire diversion, on sort une affaire avec uniquement des éléments à charge et pas à décharge", assure Claude Guéant. L'ancien ministre cite notamment la divulgation des contenus des appels téléphoniques de Nicolas Sarkozy juste avant les élections municipales. "Il y a trois sources d'information possible : la justice, la police et le pouvoir ", lance Claude Guéant. L'ancien ministre de l'Intérieur constate qu'il est étrange que le pouvoir n'ait pas lancé une enquête sur la justice et la police pour ces révélations.
Une "manipulation". Sur l'affaire Tapie, Claude Guéant détaille les notes que lui ont présenté les enquêteurs. "Des notes de secrétariat... mais surtout un projet de loi qui prévoyait que les établissements publics pouvaient avoir recours à l'arbitrage, ce qui veut dire que le gouvernement a essayé de valider l'arbitrage", explique l'ancien ministre. Et ce qui est intéressant selon lui c'est "qu'on ait voulu transmettre à la justice ce document qui n'a aucune espèce d'intérêt pour l'affaire". Les archives appartiennent à celui qui les a faites et aux archives nationales, il y a donc "manipulation", lance Claude Guéant.
"Nous étions tous favorable à cet arbitrage". "L'arbitrage a été décidé en application de la constitution par le gouvernement en la personne de la ministre de l'Economie et des Finances, sous l'autorité du Premier ministre", rappelle Claude Guéant. "Nous étions tous favorable à cet arbitrage", précise le ministre, qui défend "la vision qu'avait le gouvernement de l'intérêt de l'Etat". Claude Guéant revient sur l'histoire de la vente d'Adidas et assure que, comme la justice l'a décidé, "Bernard Tapie a été lésé". "L'arbitrage règle 90% des cas de litige commercial", rappelle l'ancien ministre. Mais insiste sur le fait que "soupçonner, émettre l'idée, que le gouvernement, l'Elysée, aient pu tremper dans un arbitrage truqué est monstrueux". Mais précise que si l'affaire devait être rejugée, "ça coûterait plus cher à l'Etat".
"La DGSE m'observe". Certain de ses accusations sur le "scandale d'Etat", Claude Guéant assure "savoir des choses". Mais rappelle qu'il a "le droit au silence, mais j'ai la certitude que quand je voyage à l'étranger la DGSE m'observe". Et il précise qu'il "n'a jamais commis la moindre malhonnêteté". Claude Guéant est certain que toutes ces actions ont été faites pour "causer préjudice à Nicolas Sarkozy, à l'affaiblir auprès de son propre camp et de l'opinion publique".
La "légitimité du président est contestée dans son camp". "Nous sommes dans une situation très délicate qui confine à la crise institutionnelle", assure Claude Guéant. "Le Premier ministre et les parlementaires socialistes testent le président de la République et ça c'est inédit", rappelle Claude Guéant. "Si la légitimité du président grâce au vote est indiscutable jusqu'à la fin de son mandat, le second pied, est les parlementaires et ceux-ci contestent sa légitimité", explique l'ancien ministre. Il pointe également l'échec de la politique de François Hollande, notamment sur la question du chômage et du logement. Il regrette que le président et au gouvernement c'est "de conduire une politique qui conduit les Français à ne plus avoir confiance en leur pays".
"Gardons-nous de juger par avance". Interrogé sur les révélations de Bygmalion, Claude Guéant défend l'honnêteté de Nicolas Sarkozy qui n'a jamais vérifié les comptes de campagne. "Il y a une investigation judiciaire, elle nous dira ce qu'il s'est passé. Mais je vois toutefois deux éléments d’invraisemblance", assure l'ancien ministre. "11 millions de plus ça fait un tiers de la dépense en plus et la commission des comptes de campagne a bien vérifié les comptes, au point de les corriger", rappelle Claude Guéant. "Gardons-nous de juger par avance", prévient l'ancien ministre.
Comptes de campagne de l'UMP : La justice le dirapar Europe1frLA SUITE ? La garde à vue de Claude Guéant a été levée
INFO - La garde à vue de Guéant à nouveau suspendue
DÉCRYPTAGE - Pourquoi Claude Guéant a-t-il rendez-vous à la Brigade financière ?
VIDÉO - Tapie : "ce que Guéant a à dire ne m'intéresse pas !"