Le "premier flic de France" voulait remonter le moral des troupes. Claude Guéant a installé lundi à Lyon la nouvelle direction de la police judiciaire régionale, après l'affaire Neyret, un "véritable traumatisme" pour ce service, a souligné le ministre de l'Intérieur. Qui a annoncé au passage de nouvelles "mesures" de déontologie policière.
Cette visite intervient donc trois mois après le début de l’affaire Neyret, du nom de l’ex numéro deux de la police judiciaire lyonnaise, placé en détention provisoire dans un dossier de corruption présumée. Michel Neyret a entraîné de nombreuses personnes dans sa chute. Quatre autres fonctionnaires ont été placés sous contrôle judiciaire et suspendus, le chef de l'antenne de la PJ de Grenoble, son adjoint, le patron de la Brigade de recherche et d'intervention de la PJ de Lyon et un membre de la brigade des stupéfiants de Lyon.
"Vous devez tourner la page"
En place depuis un mois, le nouveau directeur de la PJ de Lyon, Francis Choukroun, avait lancé un message fort à ses hommes dès sa prise de fonction. "Vous devez tourner la page. Avec moi on repart à zéro", avait-il alors expliqué. Un leitmotiv repris à son compte par Claude Guéant lundi. Entouré du directeur général de la police nationale, Frédéric Péchenard, et du directeur central de la PJ, Christian Lothion, le ministre de l'Intérieur a certifié devant 150 policiers de la DIPJ que le service avait "tourné la page". Saluant la "détermination à continuer à aller de l'avant" des équipes, aux résultats "supérieurs" à la moyenne nationale, le ministre a affirmé vouloir mieux "protéger les fonctionnaires de police judiciaire".
Car du côté des troupes, l'affaire Neyret a laissé des traces. "Ça a fait beaucoup de dégâts", rappelle Thierry Clair, le secrétaire régional du syndicat Unité-SGP police en Rhône-Alpes. "Les relations, le travail avec les indicateurs... Certains de nos collègues prennent du recul aujourd'hui ou en tous cas n'ont plus le même contact aussi direct avec un certain nombre d'indicateurs parce qu'il y a des risques. Aujourd'hui, c'est un travail qui se fait avec beaucoup de prudence", poursuit Thierry Clair au micro d'Europe 1.
Des nouvelles "mesures" pour la déontologie
Une prudence mais pas seulement. Le ministre de l'Intérieur a rappelé les fondamentaux lors de cette visite. Claude Guéant a notamment confirmé la création d’une cellule chargée de la déontologie au sein de l'Inspection générale de la police nationale. But de cette "cellule d'appui à la pratique déontologique de terrain" ? Fournir des réponses aux fonctionnaires de police sur "le traitement des sources" en leur donnant "des référents", avait déjà expliqué dimanche Claude Guéant lors du Grand Rendez-Vous Europe1/I-télé/Le Parisien.
Le ministre de l’Intérieur a également confirmé un "code du traitement des sources", "applicable à partir des jours qui viennent". "II faut que les règles soient plus fortes" et "mieux connues", a insisté dimanche Claude Guéant sur Europe 1. Une mission confiée au directeur central de la Police judiciaire. "Nous avons tiré un certain nombre de leçons des malheureux événements que nous avons connus et il nous est apparu en particulier qu'il convenait de renforcer les appuis que l'administration de la police apporte à ses fonctionnaires en matière de déontologie", a conclu Claude Guéant.