Alors qu'à Paris, Claude Guéant veut s'attaquer aux délinquants d'origine roumaine, à Marseille, c'est la communauté comorienne qui est dans le viseur du ministre de l'Intérieur. Interrogé sur les raisons de l'insécurité dans la cité phocéenne, dimanche soir, lors du Grand Jury RTL/LCI/Le Figaro, le chef de la Place Beauvau a estimé que l'immigration comorienne était "la cause de beaucoup de violences" à Marseille.
"Une grosse bourde"
Des propos condamnés de toute part, lundi par les élus et associations marseillaises. Y compris à droite. Le sénateur-maire UMP de Marseille, Jean-Claude Gaudin, s'est désolidarisé des déclarations de Claude Guéant, estimant qu'"on ne peut pas incriminer une communauté en particulier". "La réalité sociologique d'une grande ville multiculturelle est complexe, d'autant que la communauté comorienne est très importante à Marseille avec près de 80.000 membres. Mais peut-être M. Guéant a-t-il des éléments dont nous ne disposons pas", a-t-il ajouté.
D'autres élus UMP estiment que le ministre de l'Intérieur a commis "une grosse bourde". "On n'a rien à gagner à courir derrière le Front national et nous, nous ne le ferons pas", a réagit au micro d'Europe 1 Roland Blum, premier adjoint au maire de Marseille.
Une déclaration "stupéfiante"
Du côté de l'opposition, Patrick Mennucci, maire du premier secteur de Marseille, a jugé cette déclaration "stupéfiante". "Sur quelles statistiques se fonde Claude Guéant pour stigmatiser une population qui fait partie de l'histoire et l'avenir de la ville ?", a-t-il lancé.
"En liant directement la montée de l'insécurité à Marseille à l'immigration comorienne, le ministre de l'Intérieur a franchi un pas scandaleux", a estimé Sébastien Barles, porte-parole d’Europe Ecologie Les Verts à Marseille, rappelant que "ces propos ne se fondent sur aucune source statistique".
Nassurdine Haidari, président du Conseil représentatif des Français d'origine comorienne, n'exclut pas, de son côté, de porter plainte contre Claude Guéant. "Nous allons tout faire pour amener ce ministre, qui est devenu le ministre de la haine, devant la justice".