Depuis les démêlés judiciaires de la famille Guérini, la vie politique marseillaise n'entrevoit aucune accalmie. Pire, le ton monte depuis la semaine dernière, si bien que Jean-Claude Gaudin, le maire UMP de Marseille, a demandé lundi la démission de Jean-Noël Guérini, le président du conseil général des Bouches-du-Rhône.
"En ouvrant une vendetta personnelle contre ses anciens amis socialistes, Jean-Noël Guérini commet un acte politique dont les victimes collatérales sont Marseille et les Marseillais", a déclaré lundi Jean-Claude Gaudin. "N'ayant plus aucun souci du bien public, visant seulement à se venger (...), Monsieur Guérini doit démissionner", sa mise en examen, notamment pour association de malfaiteurs, nuisant "gravement à l'image de Marseille", a ajouté le sénateur-maire.
Guérini gèle la rénovation urbaine
C'est donc une attaque frontale que mène le maire UMP de Marseille contre le président PS du conseil général. Cet assaut n'est pourtant pas justifié par les démêlées judiciaires des Guérini, Jean-Noël ayant été mis en examen le 8 septembre pour "association de malfaiteurs, prise illégale d'intérêt, trafic d'influence".
L'origine de la discorde est tout autre : Jean-Noël Guérini a mis le feu aux poudres, mercredi, en menaçant de suspendre le financement de grands travaux d'aménagements urbains de la citée phocéenne. Dans une lettre ouverte, il indique que le conseil général qu’il préside "n'apportera un soutien financier qu'aux seules opérations validées conjointement préalablement" par la conurbation marseillaise (MPM). En cause, un désaccord sur les lignes de tramway à prolonger en priorité.
Résultat, ce sont tous les aménagements urbains qui sont menacés, du prolongement du tramway à la piétonisation du Vieux-Port, en passant par la rénovation du stade Vélodrome, c’est-à-dire tous les gros chantiers de la ville à l’exception de la zone portuaire.
Le camp socialiste se fissure
Cette annonce a pris de court les élus de la communauté urbaine de Marseille et notamment son président, le socialiste Eugène Caselli. Ce dernier a donc, lui aussi, rédigé dimanche une lettre ouverte dans laquelle il demande à ses collègues socialistes, déjà échaudés par le feuilleton judiciaire Guérini, de "s'indigner".
"Vous ne pouvez rester sans réagir devant la décision unilatérale prise par" Jean-Noël Guérini "qui, par une lettre ouverte, menace de supprimer la part de financement prévue au plan quinquennal signé en 2009" avec MPM "sur des projets aussi importants", martèle Eugène Caselli.