Thierry Herzog n’a pas dû dormir beaucoup. Jeudi soir, à minuit trente, il était autour d’une table avec Nicolas Sarkozy, dont il défend les intérêts, pour faire le point. Vendredi matin, peu après 8 heures, l’avocat était déjà dans les studios d’Europe 1. Une interview en forme de plaidoirie.
La réaction de Sarkozy. "Il a été extrêmement surpris. Il connaît le dossier. Il avait eu une première audition qui avait duré douze heures, sur laquelle il s'était expliqué totalement", a expliqué l’avocat. L’ancien président pensait en rester là, mais le juge Gentil en a décidé autrement. Pas de quoi abattre un tel animal politique : "il n'est ni abattu, ni inquiet, il est combatif. Il demande une seule chose : jamais il ne s'est exprimé, il m'avait chargé de le faire, il n'a jamais demandé à être mieux traité qu'un autre mais il n'y aucune raison qu'il soit moins bien traité qu'un autre. Je le dis : dans cette procédure, Nicolas Sarkozy a été maltraité", a tranché le conseil.
Pourquoi Sarkozy est "surpris". La ligne de défense de l’ancien président est claire : il ne s’est présenté qu’une seule fois au domicile de Liliane Bettencourt. Jamais il n’est revenu pour demander de l’argent au couple de milliardaires. "On l'a d'abord interrogé pendant deux heures pour lui demander de confirmer ce qu'il a déjà dit pendant douze heures : qu'il avait eu rendez-vous avec André Bettencourt, que tous les témoins décrivent le même rendez-vous et disent tous sans exception avoir vu Nicolas Sarkozy à une seule reprise. Je le dis et je l'affirme ! Ce rendez-vous a eu lieu le 24 février 2007, il n'y en a eu aucun autre, et il avait rendez-vous avec André Bettencourt", a tonné son avocat, particulièrement remonté, et qui martèlera cet argument de nombreuses fois durant l’entretien.
Le juge sur le banc des accusés. Comme l’ensemble de l’UMP depuis jeudi soir, Me Thierry Herzog a été particulièrement virulent à l’encontre de ses confrères. "J'attends du recours en nullité que la chambre de l'instruction dise le droit. Un juge d'instruction peut se tromper. Je dis que celui-là s'est trompé !", a-t-il d’abord attaqué, avant de faire un vœu : "j'espère que le procureur fera aujourd'hui le communiqué que je vais lui demander de bien vouloir faire."
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La riposte judiciaire de Nicolas Sarkozy est en effet déjà prête. Un recours en nullité a été déposé et Thierry Herzog attend de cette démarche que "la chambre d’instruction dise le droit." "On ne va pas contester à Nicolas Sarkozy le droit au droit ! Il y a une voie de recours qui est ouverte, une possibilité de saisir la chambre de l'instruction, je n'aurais pas le droit de le faire ?", s’est-il ensuite faussement interrogé.
Est-ce que le camp Sarkozy se prépare d’ores et déjà à devoir batailler lors d’un futur procès ? "Chaque chose en son temps. On verra quelle sera la positon du Parquet. On verra, à la lumière des documents que je vais demander de publier, ce qui s'est passé hier (jeudi, Ndlr) dans le bureau du juge d'instruction et si les témoins qui ont été entendus ont mis en cause Nicolas Sarkozy", a éludé l’avocat, avant de conclure : "je demande que la justice soit la même pour tous".