Au début de l’année 2010, Eric Woerth a autorisé la vente de l’hippodrome de Compiègne, dans l’Oise, à la Société des courses de Compiègne pour 2,5 millions d’euros. Or, selon un rapport d’experts révélé en fin de semaine dernière par Mediapart, ce terrain de 57 hectares, qui comprend une forêt, un golf et plusieurs bâtiments valait entre 8 et 10 millions d’euros. L’ancien ministre du Budget est accusé d’avoir bradé le site et donc d’avoir lésé l’Etat. Il fait l’objet d’une enquête de la Cour de justice de la République (CJR) pour "prise illégale d'intérêts".
Mais selon l’avocat d’Eric Woerth, la vente a été effectuée dans les règles. "Les experts font le détail entre la valeur du terrain nu, et la valeur du terrain tel qu’il existe, c’est-à-dire avec les bâtiments", explique Me Jean-Yves Le Borgne, joint par Europe 1. "Avec les bâtiments, ce n’est plus 2,5 million d’euros, c’est peut-être 7,8, voire 10, pourquoi pas ? Or, ces bâtiments qui sont effectivement sur ce terrain ont été construits par le locataire devenu acquéreur des terrains, la Société des courses de Compiègne. Alors quoi ? Vous vouliez qu’on fasse payer ces bâtiments à ceux qui les avaient déjà fait construire à leurs frais ?", interroge le bâtonnier du barreau de Paris.
"Eric Woerth n'y avait pas d'intérêt personnel" :
Et si Eric Woerth a autorisé la vente, c’est, explique l’avocat, "pour appliquer la politique de l’Etat consistant à vendre les biens immobiliers inutiles au service public". Enfin, argument Jean-Yves le Borgne, "le sujet, ce n’est pas de savoir pour quel prix les terrains ont été vendus, mais de savoir si dans cette transaction, le ministre qui l’autorisait y avait un intérêt personnel, et la réponse, depuis le début, est ‘non’", assène-t-elle.
Eric Woerth avait été entendu le 4 mai par la CJR comme témoin assisté, statut intermédiaire entre celui de simple témoin et celui de mis en examen. L'affaire de l'hippodrome avait été révélée par le Canard enchaîné à l'été 2010, en pleine polémique sur l'affaire Bettencourt, qui a conduit au départ du gouvernement d’Eric Woerth, également maire de Chantilly. L'enquête de la commission d'instruction aboutira à un non-lieu ou au renvoi de l’ancien ministre devant la formation de jugement de la CJR, chargée de juger les crimes et délits commis par les membres du gouvernement "dans l'exercice de leurs fonctions".