Une offensive commune. Derrière "la tension amicale" assumée par François Hollande pour qualifier les relations souvent tendues entre Paris et Berlin, les séances de travail entre Français et Allemands se sont multipliées ces derniers mois. A l'approche des élections européennes de 2014, le couple franco-allemand redoute-t-il de voir entrer massivement les populistes et eurosceptiques de l’Union au Parlement ? Est-ce le rythme routinier des relations bilatérales entre les deux pays qui veut que la première année après une élection, on se défie plus qu’on ne dialogue ? Peut-être les deux, mais le fait est qu’un an après l’arrivée de François Hollande à l’Elysée, les deux pays s’apprêtent à mener une offensive commune pour relancer le projet européen.
Une séance de travail, le 30 mai. Pour la première fois, une contribution commune sera présentée au conseil européen de juin. "Une feuille de route détaillée sur laquelle nous travaillons en coulisses depuis des semaines", précise-t-on à l'Elysée. Que trouvera-t-on dans ce texte ? "Des initiatives pour l’investissement, pour l’emploi, l’amorce d’une harmonisation fiscale", confie encore ce conseiller. Concrètement, ce "pacte franco-allemand" sera scellé le 30 mai, à Paris. Le président français et la chancelière allemande débuteront leur rencontre par une visite de l’exposition sur l’Allemagne, au Louvre, avant la remise d’un rapport sur l’amélioration de la compétitivité en Europe. Suivront une séance de travail sur cette feuille de route commune et un dîner amical.
Pourquoi Merkel a changé d'avis. François Hollande, qui insiste depuis son accession au pouvoir sur la nécessité de coupler la maîtrise des déficits à la relance d’un projet social en Europe, peut compter aujourd'hui sur un changement d’attitude d’Angela Merkel. La chancelière allemande ne veut toujours pas entendre parler de recapitalisation directe des banques ou de mutualisation des dettes des pays de l’Union européenne, mais l’agonie des pays du Sud (Italie, Portugal, Espagne) étranglés par des plans d’austérité annihilant toute perspective de croissance, l’ont convaincue que cela risquait désormais de plomber, par ricochet, l’économie allemande, dépendante de ses partenaires européens.
Redonner une vision positive. "Il faut absolument redonner une histoire positive de l’Europe, que l’Union redevienne un message positif", martèle un haut conseiller de l’Elysée, interrogé par Europe 1. "Depuis trois ans, l’Europe est synonyme d’austérité, si cela continue, on arrivera exsangue aux élections européennes et les populistes feront des scores très élevés partout dans l’Union", pronostique-t-il.