Certes, c’est Alain Juppé qui s’est dressé face à François Hollande, jeudi soir, lors de l’émission Des paroles et des actes, sur France 2. Mais personne ne s’y est trompé. La principale cible du candidat socialiste, l’objet de la plupart de ses critiques, c’était bel et bien Nicolas Sarkozy, dont le ministre de la Défense était le simple représentant. Et même si le député de Corrèze a pris bien soin de prononcer le nom du président de la République le moins possible, l’ombre de l’hôte de l’Elysée a plané sur la soirée, prémisse d’un duel annoncé pour la fonction suprême.
Pas de "complicité"
D’emblée, François Hollande s’est d’ailleurs posé en exact contraire du chef de l’Etat. "Je sais où je n’irai pas", a-t-il lancé pour répondre à la question sur le lieu des festivités de son éventuelle victoire au soir du deuxième tour. L’allusion à la soirée du Fouquet’s, après l’élection de Nicolas Sarkozy en 2007, n’aura échappé à personne.
L’affrontement est devenu plus personnel au moment d’évoquer la couverture commune de Paris-Match à laquelle les deux adversaires d’aujourd’hui avaient eu droit en 2005. "Nous étions deux chefs de parti, nous avons débattu. Nous nous sommes peu revus depuis", a-t-il assuré. Quant au large sourire arboré par les deux hommes, il n’était que de circonstance. Car François Hollande a clairement proscrit le terme de "complicité" pour définir sa relation avec Nicolas Sarkozy.
"Pas être dans un rapport obsessionnel par rapport à lui"
Puis, alors que ses interlocuteurs lui faisaient remarquer qu’au cours de la soirée, comme dimanche lors de son grand discours du Bourget, il évitait de prononcer le nom de son rival, François Hollande a eu cette saillie : "Je veux parler de l'avenir. Le passé ne m'intéresse plus". Le candidat du PS à l'Elysée a ensuite prédit que la page Sarkozy serait "tournée", comme François Mitterrand avait tourné celle de Valéry Giscard d'Estaing, en 1981. Puis, pour résumer son propos et sa posture : "je ne veux pas être dans un rapport obsessionnel par rapport à lui. S’il ne se représentait pas, cela ne changerait rien à ma campagne", a-t-il juré.
Et c’est en toute fin d’émission que François Hollande a finalement directement évoqué son adversaire. "Nicolas Sarkozy - parlons de lui puisque vous m'y incitez - a des qualités de combattant et il combattra jusqu'au dernier moment pour rester président. Parce que pour lui c'est une affaire très importante, presque d'honneur", a déclaré le candidat socialiste. "Donc il ira jusqu'au bout. Et je ne mets pas en cause cet engagement. Ce que je mets en cause, c'est à la fois son comportement et sa politique", a-t-il conclu. Suite du duel au prochain tour.